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Grève du lait

De nouvelles actions des producteurs en France et en Europe

Publié le lundi 14 septembre 2009 - 19h29

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Photo : EMB

De nombreuses distributions gratuites de lait ont été organisées ce week-end dans plusieurs régions françaises dans le cadre de la grève du lait européenne initiée jeudi par l'Association des producteurs de lait indépendants (Apli) pour protester contre la faiblesse des prix du lait à la collecte.

Elle se sont poursuivies localement, lundi, comme sur le marché de La Mure (Isère), où plusieurs centaines de litres de lait ont ainsi été distribuées dans la matinée.

D'autres producteurs déversent leur production dans leurs fosses à lisier.

Lundi, l'Apli et l'Organisation des producteurs de lait (OPL), organisation spécialisée de la Coordination rurale, toutes deux membres de l'EMB (European Milk Board), la fédération des producteurs européens de lait, ont annoncé une forte mobilisation des grévistes, de l'ordre de 40% (sur près de 90.000 producteurs en France, NDLR).

Cependant, le taux de participation au mouvement, qui semble très variable d'un bassin laitier à l'autre, fait l'objet d'une guerre des chiffres entre pro- et anti-grévistes au sein de la profession. Selon la Fédération nationale des producteurs laitiers (FNPL), branche laitière de la FNSEA, ce taux n'était que de 7%, avec un taux de participation de l'ordre de 25% dans certaines zones, notamment le Gers et la Basse-Normandie. Selon la FNPL, le mouvement n'est pas du tout suivi dans l'est du pays.

La FNSEA, JA et la FNPL n'ont pas souhaité appeler leurs adhérents à la grève du lait initiée par l'Apli, jugeant vendredi qu'elle «n’est pas une solution, encore moins une protection» contre la crise et la baisse des prix du lait. Ils ont appelé les producteurs de lait français à l'union pour «éviter des conflits et altercations» entre eux.

La Coordination rurale du Lot-et-Garonne, lundi, a reproché au syndicalisme majoritaire de «se répandre» en discours qui «s'évertuent à dénigrer le mouvement, sans proposer aucune alternative, ne faisant que déplorer officiellement la position de la Commission européenne».

La FDSEA et Jeunes Agriculteurs ont par ailleurs revendiqué une action à Avranches et Saint-Hilaire-du-Harcouët (Manche), où les façades de deux agences du Crédit Agricole ont été recouvertes de panneaux en aggloméré dans la nuit de vendredi à samedi, selon les gendarmes. Des tracts ont été retrouvés sur place sur lesquels on peut lire «Année blanche vite!».

Durant cette même nuit, à Villedieu-les-Poêles (Manche), une dizaine de personnes encagoulées ont intercepté un camion de lait de Lactalis et déversé au sol les 10.000 litres de sa citerne. L'action n'a pas été revendiquée, selon les gendarmes.

Des distributions gratuites de milliers de litres de lait frais, selon les syndicats, ont eu lieu samedi ou dimanche à Toulouse, Nantes, Saint-Brieuc, Brest, dans le Morbihan ou encore au marché des Lices à Rennes où une dizaine de producteurs de l'Apli, pour certains accompagnés de leurs enfants ont pu recevoir de la part des badauds un soutien financier symbolique pour soutenir la cause.

Bruno Durand, coordinateur départemental de l'Apli, a regretté que la FNSEA, opposée à la grève du lait, «essaie de casser le mouvement car elle se trompe de combat». Il serait préférable, selon lui, «que tout le monde soit ensemble, comme les syndicats ouvriers où chacun garde son étiquette mais va dans le même sens», a-t-il ajouté, estimant à «30-35%» le taux de mobilisation des éleveurs en Bretagne, un tout petit peu plus que les estimations pour le Nord-Pas-de-Calais (25-30% selon l'Apli).

D'autres distributions étaient cependant organisées conjointement par la Confédération paysanne et l'Apli à Nozay et Campbon (Loire-Atlantique). «On s'est joint (à l'Apli) car il faut aujourd'hui consolider tous nos modes d'action», a expliqué Dominique Lebreton, président départemental de la Confédération paysanne.

L'eurodéputé vert français José Bové, vice-président de la commission de l'agriculture au Parlement européen, a entamé lundi matin un «jeûne de solidarité» avec les producteurs de lait confrontés à la chute des cours et «actuellement menacés de faillite et de disparition», a-t-il annoncé à son arrivée à Strasbourg.

Le président de la région Midi-Pyrénées, Martin Malvy (PS), a estimé dimanche à Figeac (Lot) qu«'il y a urgence à sauver la filière laitière» car «la trésorerie des éleveurs ne résistera pas longtemps», a-t-on appris dans un communiqué.

«Il faut immédiatement maîtriser la mise sur le marché et apporter des aides directes car la trésorerie des éleveurs ne résistera pas longtemps», a déclaré M. Malvy lors de l'inauguration de la Foire-exposition de Figeac. «Le gouvernement doit réagir», la Commission européenne «doit revenir sur sa politique des quotas de production. Le stockage ne suffira pas», ajoute le communiqué de presse. «C'est toute la filière du lait qui est fragilisée, y compris les entreprises de conditionnement et de transformation. Si rien n'est rapidement fait des exploitations vont disparaître, c'est une question de semaines», a-t-il prévenu.

En allant vers l'Atlantique et les Pyrénées, le taux de grévistes atteignait de «80 à 90%», notamment au Pays basque, a affirmé un délégué de l'Apli.

«Preuve que le mouvement inquiète, les laiteries commencent à mettre la pression sur les éleveurs, a annoncé l'OPL lundi dans un communiqué. Les producteurs grévistes sont partisans d’une action non violente, mais ils ne laisseront pas ce genre de pression sans réaction», a indiqué l'organisation. Selon plusieurs grévistes de l'Ouest, Lactalis ferait notamment courir des rumeurs de poursuites judiciaires contre des éleveurs pour rupture de contrat, afin de les intimider.

De son côté, la Confédération paysanne des Côtes-d'Armor a dû lever dimanche soir le blocage de six camions de collecte à Rostrenen, a-t-elle annoncé dans un communiqué, lundi, «compte-tenu de la pression exercée par d’autres éleveurs qui considèrent que bloquer la collecte les prend en otage».

L’OPL «fera le nécessaire» durant le Space, à Rennes, «pour que le lait soit au cœur des conversations et pour convaincre un maximum d’éleveurs encore hésitants de rallier le camp des grévistes, pour accentuer la pression sur les pouvoirs politiques», a précisé le syndicat dans son communiqué.

«En Europe également le mouvement est lancé, avec déjà des actions spectaculaires du côté des éleveurs belges qui ont par exemple jeté plusieurs citernes du haut d’un pont autoroutier», rapportait lundi un communiqué de l'OPL. En Belgique et au Luxembourg, ce sont plus de 1.000 éleveurs qui participent à la grève, a estimé l'EMB lundi dans un communiqué. En Allemagne et aux Pays-Bas également, indique l'EMB, des producteurs solidaires ont pris part à cette grève du lait. La Suisse francophone et l'Italie, à en croire l'EMB, seraient sur le point de prendre part à la grève

En Autriche, la fédération des producteurs de lait, IG Milch, a décidé samedi de répondre à l'appel à la grève européenne lancé jeudi par l'Apli depuis Paris. IG Milch estime que sur les 40.000 exploitations laitières que compte le pays, 2.000 d'entre elles disparaissent chaque année. Outre les interruptions immédiates de livraisons de lait, des producteurs autrichiens ont organisé au cours du week-end des actions ponctuelles comme des défilés de tracteurs et des distributions gratuites de lait pour marquer le «soulèvement des fermiers», a annoncé IG Milch lors d'une foire agricole à Ried, dans le nord de l'Autriche.

Comme partout en Europe, les prix du lait se sont fortement contractés en Autriche ces derniers mois, passant en un an de 0,42 à 0,29 euro et compromettant la poursuite de l'activité, selon IG Milch.

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B.V.


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