Alors que l’ensemble des productions sont malmenées, pour une fois l’aviculture se porte mieux. C’est ce qui ressort des résultats de la dernière enquête avicole réalisée par les chambres d’agriculture du grand Ouest de juillet 2008 à juin 2009.
«Les marges s’améliorent dans les principales productions grâce à un marché qui s’est assez bien tenu, des performances techniques de bon niveau et, enfin, une modération des charges variables depuis le premier semestre de 2009», confirme Didier Goubil, président de la commission avicole régionale de la Bretagne.
La remontée des marges est notable en poulet et notamment en poulet d'exportation (marge brute = 33,85 €/m²/an) grâce à la bonne tenue des marchés. Au niveau technique, la ventilation et la brumisation font la différence. La seule exception concerne le poulet lourd qui est confronté à des problèmes techniques et sanitaires.
En dinde, le redressement des marges est significatif (27,32 €/m²/an). Il se confirme depuis trois ans grâce à des meilleures performances dues à des animaux plus rustiques, une meilleure qualité d’aliment et une amélioration du confort dans les bâtiments.
Par contre, plus inquiétante est la situation du poulet de label. L’étude démontre une stagnation des marges, et même une tendance à l’allongement des vides caractéristiques d’un marché difficile en lien direct avec le budget des ménages.
Malgré ce sursaut, tout n’est pas rose dans la volaille. Le solde disponible (après retrait des charges fixes et annuités) pour l’éleveur atteint 10,30 €/m²/an; il est encore loin du niveau des années 1990-1991 (14,30 €/m²/an). Signe d’un retour des investissements, la part des annuités augmente mais concerne essentiellement des frais de rénovation. Les deux premiers postes concernés sont l’abreuvement et le chauffage.
«Aujourd’hui, la rémunération ne permet pas de rémunérer le travail et la construction», déplore Jean-Michel Choquet, de la FRSEA Bretagne. Le syndicat va réclamer aux industriels une revalorisation des contrats de l’ordre de 2% du prix de reprise en poulet (17 €/t) et de 3 ou 4% en dinde (34€/t).
Pour les producteurs, «il est grand temps de réagir si l’on veut stopper l’hémorragie du parc avicole». Depuis 2000, la Bretagne a perdu 30% de son parc de bâtiments. «La production est indispensable si l’on veut maintenir les outils industriels d’amont et d’aval sur le territoire.»
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(1) Sur 664 aviculteurs dans 21 départements de la Bretagne, des Pays de la Loire, du Poitou-Charente, du Centre, de la Normandie, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais.
Bien-être : un frein à la productivité L’embellie risque d’être de courte durée pour les producteurs de poulet en raison de l’application des normes sur le bien-être. La directive européenne sur le sujet doit, en effet, être transposée en droit français en juin 2010. La densité des animaux sera alors modulée en fonction de critères de mortalité et d’intégrité physique (33 kg/m² et sous conditions, 39 kg/m² ou 42 kg/m²). Or, en poulet, on sait que c’est la productivité (nombre de kg abattus/m²) qui fait la rémunération de l’éleveur. D’où l‘inquiétude des producteurs. D’après les résultats de l’enquête, seuls 6% des lots respecteraient la norme. |