Nicolas Sarkozy a annoncé, lundi, un grand emprunt de 35 milliards d'euros pour permettre à la France d'atteindre «l'excellence» en matière de «croissance durable» grâce à des investissements dans des secteurs d'avenir.
Le chef de l'Etat a identifié cinq «priorités» à financer: enseignement supérieur et formation, recherche, industrie et PME, numérique, développement durable. Ce qui recoupe «très largement», a-t-il précisé, les préconisations de la commission ad hoc que présidaient Alain Juppé et Michel Rocard.
Sur les 8 milliards d'euros destinés à la recherche, 2,5 milliards iront aux secteurs de la «santé et des biotechnologies». «Les sciences du vivant doivent répondre à plusieurs défis majeurs: sûreté et sécurité alimentaire, contribution à l’indépendance énergétique vis-à-vis des sources fossiles (biocarburants et précurseurs pour la chimie)», explique l'Elysée.
Les objectifs sont également la «compétitivité de l’agriculture à travers l’innovation et l'agriculture durable, dans le contexte des changements globaux (réduction des intrants et des traitements phytosanitaires) qui conditionnent son maintien au tout premier plan mondial que ce soit sur le plan de la recherche, du développement économique et de sa capacité d’influence au niveau international», poursuit-il.
«L’agriculture est aussi à l’origine de molécules qui pourront se substituer aux matières minérales et fossiles pour former des produits chimiques nouveaux plus respectueux de l’environnement et de la santé.»
«Le lancement de programmes de recherche ambitieux dans le domaine de la génétique et des biotechnologies blanches permettra à la France de rétablir sa compétitivité sur le plan mondial», selon les priorités du grand emprunt.
«D’une part, la sélection variétale sophistiquée qui sera encouragée reposera sur l’identification de caractères spécifiques de résistance aux maladies, à la sécheresse… D’autre part, l’usage d’enzymes et de micro-organismes permettra de produire des molécules chimiques à partir de matières premières renouvelables et de procédés biologiques», est-il précisé.
«Des plates-formes technologiques spécifiques (génotypage et phénotypage à haut débit, ingénierie cellulaire et moléculaire) ou éventuellement pour la bio-informatique partagées avec les autres secteurs de la biologie (biologie fondamentale, santé et environnement) contribueront à l’émergence et à la structuration des programmes de recherche», poursuit l'Elysée.
«Ces programmes sont destinés à initier des filières: biocarburants, chimie verte, pratiques agricoles. Ils nécessiteront donc rapidement la réalisation de démonstrateurs préalables au développement industriel.»
Concernant la priorité du numérique, à laquelle 4,5 milliards seront alloués, un des objectifs est «d'accélérer le passage de la France au très haut débit».
«Une partie du territoire peut être équipée par le secteur privé sans intervention publique; une autre correspondant aux zones de moyenne densité, sans subventions mais avec un co-investissement public pour accélérer et maximiser le déploiement; les parties les moins denses du territoire ne peuvent s’équiper qu’à l’aide de subventions publiques», souligne l'Elysée.
Le grand emprunt sera financé à hauteur de 13 milliards par les remboursements des banques aidées par l'Etat pour faire face à la crise, le reste (22 milliards) étant levé sur les marchés, «avec les meilleurs financements». Selon Nicolas Sarkozy, il permettra de générer «60 milliards d'euros d'investissement public et privé», l'investissement public servant de «levier» pour «mobiliser les initiatives privées».