«Pour le ministre de l'Agriculture, engager des ressortissants de l'Europe de l'Est au tarif pratiqué dans leur pays n'est pas le sujet», a déclaré Angélique Delahaye, présidente du syndicat Légumes de France, à la suite de sa rencontre avec Bruno Le Maire, vendredi après-midi.
Selon le ministre, il s'agit juste «de voir comment font nos voisins afin d'arriver au même niveau de compétitivité», a rapporté la présidente. «Le ministre nous a expliqué que ce n'était pas l'intention de la France de faire pareil mais cela paraît peu crédible», estime Angélique Delahaye.
Christophe Malvezin, conseiller technique à l'agriculture à l'Elysée, aurait proposé la semaine dernière aux producteurs de fruits et légumes d'engager des ressortissants de l'Europe de l'Est au tarif pratiqué dans leur pays.
«Notre demande est l'allègement du coût de travail des salariés permanents et il y a suffisamment de travail et de personnes au chômage en France pour trouver d'autres solutions», estime Angélique Delahaye.
D'autres sujets liés à la distorsion de concurrence avec les pays voisins ont été évoqués lors de cette rencontre mais «pour 2009, le problème restera entier, précise la présidente. Pour 2010, des perspectives plus larges semblent se présenter comme le ministre l'a annoncé récemment».
Mercredi dernier, devant l'Assemblée nationale, Bruno Le Maire a proposé de faire passer le coût du travail pour les saisonniers de 12 euros à «un peu moins de 9 euros» de l'heure à partir de 2010 afin d'améliorer la compétitivité de la filière des fruits et légumes. Il s'agit d'une des mesures du plan de soutien à l'agriculture annoncé par Nicolas Sarkozy qui prévoit l'exonération totale des charges patronales pour les travailleurs saisonniers pour un coût de 170 millions pour l'Etat.
Le coût du travail en France, trop élevé par rapport à leurs concurrents européens (6 €/h en Allemagne et 7 €/h en Espagne), est un sujet de négociation récurrent entre les producteurs de fruits et légumes, filière en crise, et le ministère.