En première ligne dans le dossier des lasagnes au cheval il y a un an, le ministre délégué à la Consommation, Benoît Hamon, estime avoir « mis le paquet » pour assainir le marché industriel de la viande. « L'entre-soi, c'est fini », assure-t-il dans un entretien accordé à l'AFP, en annonçant la poursuite des contrôles aléatoires dans les entreprises.
Comment s'est traduite la « mise sous surveillance » des filières des viandes et poissons annoncée après le scandale ?
Par l'augmentation du nombre de contrôles et de prélèvements aléatoires, dans les entreprises avec vérification de la conformité des étiquettes et dans les congélateurs de la grande distribution sur les plats préparés. Au total, sur 200 contrôles, 17 se sont avérés positifs à la viande de cheval sur l'année. Alors que, sur les dix premiers tests, neuf étaient positifs. On a révélé la réalité d'un trafic à grande échelle, qui s'est brutalement interrompu avec la multiplication des contrôles. Et ces contrôles aléatoires vont continuer en 2014 : nous aurons quinze fonctionnaires de plus ; ce qui fera 2.000 agents au service de la Répression des fraudes (DGCCRF). C'est la seule administration, avec l'Education et les missions de sécurité, qui voit ses effectifs augmenter.
Bruxelles n'a pas suivi la France qui souhaitait imposer la mention obligatoire de l'origine des viandes dans les plats préparés : un regret ?
Je regrette que la Commission européenne soit toujours plus sensible au lobbying des industriels qu'à celui des consommateurs et des Etats qui les contrôlent. Une fois de plus, cette Commission conservatrice et libérale a d'abord écouté les industriels avant les consommateurs. Mais il y aura bientôt des élections... Et nous réessaierons après. De son côté, la France a multiplié par dix le niveau des sanctions financières en cas de fraude et, désormais, celui qui triche et se fait attraper va payer cher. Est-ce dissuasif ? La peine de mort n'a jamais empêché les gens de tuer. Mais avec l'augmentation des contrôles, ça complique la vie des fraudeurs.
Cette affaire est-elle liée à la course aux prix bas, comme accuse l'industrie qui désigne la grande distribution ?
Le kilogramme de hachis Parmentier à 1,30 euro, ça se fait sur le contenu, donc c'est un encouragement à la tromperie. Le juste prix pour le consommateur n'est pas forcément le prix le plus bas, je ne suis pas pour une alimentation low cost. Entre deux lobbies, la grande distribution et l'industrie, je choisis le consommateur. Depuis 18 mois, j'ai décidé d'assainir ces filières et on peut dire qu'on a mis le paquet. Plus on oblige les entreprises à la transparence, plus il devient difficile de tricher. On a vu les limites de l'autocontrôle même s'il fonctionne dans la majorité des entreprises. Mais à ceux qui pensaient pouvoir régler les problèmes dans une sorte d'entre-soi, je dis : l'entre-soi, c'est fini ».