Les exportations françaises de vins et spiritueux sont restées presque stables en 2008, proches du record de 2007. Mais la situation s'est nettement dégradée au dernier trimestre en raison de la crise et le secteur avoue son inquiétude pour 2009.
«Depuis 42 ans que je suis dans le métier et sur les sept crises que j'ai affrontées, celle-ci est la plus violente, la plus soudaine et la plus sévère», a affirmé mercredi Claude de Jouvencel, président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS), lors d'une conférence de presse.
«La nette dégradation de nos résultats sur le dernier trimestre de 2008 ne fait que préfigurer la situation attendue pour 2009», a ajouté Claude de Jouvencel.
La France a exporté en 2008 pour 9,31 milliards d'euros de vins et spiritueux, un léger recul de 0,3% par rapport au record historique de 2007, selon les chiffres annuels de la FEVS.
Signe de l'arrivée brutale de la crise, les exportations ont surtout baissé sur les trois derniers mois de l'année, avec une chute de 11% des expéditions. Pour Claude de Jouvencel, «c'est le reflet de la dégradation» de la situation sur les deux principaux marchés que sont les Etats-Unis et le Royaume-Uni.
Ces pays ont réduit de façon draconienne leurs importations, respectivement à 1,73 milliard d'euros (-12,8%) et 1,52 milliard (-2,7%).
En ce qui concerne le seul secteur des vins (vins, champagne et mousseux), les exportations se sont maintenues à 6,76 milliards d'euros (+0,9%), tandis que les spiritueux sont en recul à 2,55 milliards d'euros (-3,5%).
La FEVS souligne toutefois la croissance «en trompe-l'oeil» des vins à 4,36 milliards d'euros (+4,7%). Celle-ci est due à la forte valorisation des Bordeaux grands crus 2005 alors qu'en volume les expéditions sont en nette baisse (-10,5%).
Ce nouveau chiffre ne fait que confirmer la tendance de ces dernières années: l'Italie a dépassé la France en tant que premier pays producteur et exportateur (en volume).
Le champagne a lui aussi connu un net ralentissement, à 2,21 milliards d'euros (-6,3%). Les deux principaux marchés, le Royaume-Uni (-11%) et les Etats-Unis (-20%), ont réduit leurs importations de façon drastique.
«En septembre, nous étions au même niveau d'expéditions que l'année précédente», a affirmé Ghislain de Montgolfier, coprésident du Comité interprofessionnel des vins de champagne (CIVC). «En octobre et novembre, il y a eu un arrêt des exportations mais en décembre la consommation est repartie beaucoup plus fortement que prévu», a-t-il ajouté, avant de reconnaître que «pour 2009, on ne sait pas très bien».
Le cognac «n'échappe pas non plus à la crise», a reconnu Jean-Marc Olivier, président du syndicat des Maisons de cognac. Après des années de croissance ininterrompue, le cognac a vu ses exportations baisser de 2%, à 1,65 milliard d'euros.
Si au début de l'année, la croissance était «assez forte», la tendance s'est retournée à partir d'octobre, a précisé J.-M. Olivier. Le secteur a toutefois limité la casse grâce à une stratégie dite de haut de gamme, une politique qui séduit particulièrement le marché asiatique où les ventes ont augmenté de 72% depuis 2003.
«Nous avons eu de bonnes nouvelles pour le nouvel an chinois (à la fin de janvier)», a affirmé J.-M. Olivier qui, s'il reconnait être «inquiet face à la crise», se dit confiant dans le produit qui «sera prêt à redémarrer dès que le marché reprendra».