Le ministre délégué à la Consommation, Benoît Hamon, croit encore possible d'imposer un étiquetage précisant l'origine des viandes dans les plats préparés, quitte à attendre la nouvelle Commission européenne après les élections, a-t-il déclaré lundi.
« Ce n'est pas mort, pas tant qu'on continuera de se battre », a affirmé M. Hamon lors d'une interview à l'AFP, alors que son projet de loi portant cette mesure est examiné jusqu'à mardi par le Sénat.
Les députés ont adopté le principe d'une étiquette obligeant les industriels à la transparence sur l'origine géographique de la viande utilisée dans leurs préparations, mais cette disposition est soumise à la validation européenne.
« S'il n'y a pas d'étiquetage de l'origine de la viande, c'est que l'Europe, sur la protection du droit des consommateurs, ne tire aucune conséquence de l'affaire de la viande de cheval. Au final, elle dit aux fraudeurs de tous poils, « On parie sur votre sens civique et votre bonne conscience ». Ce n'est pas sérieux, ni à la hauteur » du scandale, a insisté le ministre.
M. Hamon rappelle que le scandale du « Horsegate » avait montré l'existence de filières d'approvisionnement complexes à travers l'Europe et qu'au total 4,5 millions de plats au cheval frauduleusement étiquetés viande de bœuf avaient été commercialisés dans au moins treize pays.
Bruxelles a refusé jusqu'à présent de trancher en faveur de cet étiquetage en faisant valoir un important « surcoût » pour les industriels. Mais M. Hamon estime avoir désormais l'appui de la nouvelle coalition au pouvoir en Allemagne et prévient qu'il ne lâchera pas.
« Nous n'attendions pas une proposition législative [de la part de Bruxelles] avant les élections », a complété M. Hamon, qui dit attendre « le renouvellement des commissaires » après le scrutin européen qui se déroulera dans l'UE du 22 au 25 mai.
Simultanément, en France, les professionnels ont décidé un étiquetage volontaire de leur produits certifiés « Viandes de France », qui s'appliquera aux seules viandes fraîches et sera dévoilé le 11 février.
L'origine « France » était déjà mentionnée pour la viande de bœuf depuis les crises de la vache folle en 1996, et a été étendue en 2000 au niveau européen. Elle s'appliquera désormais, dans l'Hexagone, aux autres filières (porcs et volailles notamment) chez les producteurs qui jouent le jeu de la transparence.