Des acteurs du Grenelle de l'environnement ont lancé mercredi un appel au gouvernement et au Parlement pour une relance du processus, menacé selon eux «d'enlisement», dans une tribune publiée dans l'édition de jeudi du quotidien Le Monde.
«Ces derniers temps, un sentiment d'enlisement et d'essoufflement de la dynamique s'est fait jour parmi les acteurs du Grenelle. Des tentations de retour en arrière s'expriment ici et là. Des pressions s'accumulent. Des questions essentielles comme celle des financements ne sont toujours pas abordées», estiment les signataires. Parmi eux se trouvent aussi bien le représentant du Medef Jean-Pierre Clamadieu que Nicolas Hulot.
«Il est urgent de reprendre la main», estiment-ils. «Rien de suffisant ne s'est encore traduit en actes et les résultats se font attendre», ajoutent-ils dans cette tribune.
«Les engagements du président de la République pris à l'issue du Grenelle sont toujours d'actualité mais force est de constater qu'ils sont absents des récentes déclarations du gouvernement», font-ils remarquer.
Les parlementaires doivent s'impliquer, indiquent-ils. L'avant-projet de loi d'orientation du Grenelle en est aux derniers arbitrages, avant sa présentation à l'Assemblée en juin. «Nous attendons d'eux qu'ils encouragent et renforcent le mouvement vers l'absolue nécessité du changement de société que le Grenelle de l'environnement préconise», déclarent-ils.
Le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, a jugé que leur inquiétude sur le contenu de la future loi, «est normale», et a exprimé sa «confiance» dans le Parlement.
«Il est normal qu'ils expriment leur inquiétude et il est normal que j'exprime ma confiance dans le Parlement: chacun son rôle», a indiqué le ministre.
«C'est une piqûre de rappel justifiée et utile», a-t-il ajouté. «Ce qu'il y a derrière (cette tribune) c'est la grande inquiétude sur les lobbies qui influenceraient les parlementaires: ils (les auteurs) sont inquiets que certains groupes puissent essayer de récupérer d'une main ce qu'ils ont donné de l'autre lors du Grenelle. Je ne le crois pas mais il faut rester vigilant», a reconnu Jean-Louis Borloo qui a ajouté que lui-même «partageait (ces) inquiétudes jusqu'à la fin des débats».
Les signataires de la tribune estiment que «si les 268 mesures adoptées à la fin d'octobre ne sont pas mises en oeuvre résolument, si ce signal pour une profonde mutation n'est pas envoyé, vite, force sera alors de constater que nous aurons consenti à perpétuer les erreurs du passé, avec des conséquences économiques et sociales désastreuses».
Le texte est signé par des représentants des 4 collèges du Grenelle: collectivités territoriales (Assemblées des Communautés de France, des Départements de France et des Maires de France), employeurs (CGPME, Medef), ONG (Amis de la terre, WWF, France nature environnement, Greenpeace, Fondation Nicolas Hulots, ligue Roc, Ecologie sans frontières), et syndicats (CFE-CGC, CFDT, CFTC, CGT).