En 2009, la Bourgogne comptait 303 hectares de nouvelles cultures énergétiques, dont une centaine de miscanthus. Plusieurs projets de développement ont été présentés lors de la journée technique sur ces productions par la chambre régionale d’agriculture (1) le 11 décembre 2009 à Dijon. Ils montrent à la fois l’intérêt de ce nouveau créneau économique, mais aussi sa fragilité en termes de rentabilité et de débouchés-valorisation.
Face à un coût de l’énergie fossile encore bas et aux productions alimentaires, ces cultures sont soumises à rude concurrence. Elles doivent faire la preuve d’un bilan énergétique favorable par la transformation et la valorisation de proximité.
La reconversion de la zone betteravière après la fermeture de la sucrerie d’Aiserey (Côte-d’Or) a permis la mise en place d’essais de miscanthus. La Sica des planteurs Sécopulpe est devenue Bourgogne pellets, regroupant des agriculteurs adhérents dans la Côte-d’Or, le Jura et la Saône-et-Loire. En 2010, 400 ha sont réservés au miscanthus et au switchgrass, sur respectivement 250 et 150 ha.
Les producteurs se sont engagés sur quinze ans pour un prix garanti de 70 €/t à 85-87% de matière sèche. L’objectif est d’atteindre 1.000 ha, seuil de rentabilité estimé pour cette filière énergétique.
La production de granulés de miscanthus va commencer en 2011, avec la première récolte des surfaces plantées en 2009. La coopérative de déshydratation de Baigneux-les-Juifs mène aussi des essais depuis 2006 sur les biocombustibles et les cultures dédiées à la méthanisation.
Dans l’Yonne, la communauté de communes de l’Auxerrois a implanté du switchgrass sur une zone agricole de plateau à faible potentiel agronomique. Son objectif est de combiner la protection des puits de captage d’eau potable avec une production d’énergie utilisée dans une cité de 1.600 logements à Auxerre.
Des taillis à très courte rotation (TTCR) ont été plantés en 2007 sur une centaine d’hectares autour de l’usine Solvay, près de Dole, dans le Jura. Dalkia, filiale d’EDF, prévoit de mettre en service sur le site une centrale d’électricité de 30 MW à partir de biomasse. La production est prévue au troisième trimestre de 2012. Entre 500 et 800 ha de TTCR vont être signés avec les agriculteurs locaux pour un contrat de quinze ans. La part des TTCR sera de 3% des besoins, le reste étant assuré par la biomasse forestière de la zone.
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(1) La chambre régionale de la Bourgogne met les travaux des spécialistes à la disposition des agriculteurs sur son site www.bourgogne.chambagri.fr
Un statut cohérent pour la plante énergétique Au niveau réglementaire, la culture du miscanthus est éligible aux droits à paiement unique mais ne peut pas être implantée sur les bandes enherbées, ni dans le cadre des mesures agro-environnementales (MAE) rotationnelles ou comme éléments fixes du paysage. La question de sa mise en place sur une exploitation est délicate car elle se trouve en concurrence directe avec les productions alimentaires sur les bonnes terres. |