FNE (France Nature Environnement) a transmis lundi un courrier, ainsi qu'une pétition (45.000 signataires), au ministre de l'Agriculture pour demander l'interdiction définitive du Cruiser.
«La société se mobilise parce que les enjeux sont considérables: les pollinisateurs interviennent pour 35% du tonnage mondial d'aliments végétaux et dans la survie de 80% des espèces végétales», indique Claudine Joly, chargée de ce dossier à FNE.
L'association environnementale rappelle qu'après deux ans d'autorisation, les protocoles de suivi du ministère n'ont pas permis de fournir des éléments pour lever les soupçons pesant sur le Cruiser. «En 2008, le protocole comportait des insuffisances majeures et en 2009, il n'a même pas encore donné lieu à un rapport», insiste FNE.
«Un lien entre le Cruiser et des cas de mortalités aiguës de butineuses en Charente-Maritime et en Vendée aurait été confirmé par l'Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments)», informe encore l'association.
Jean-Claude Bévillard, responsable agricole de FNE, estime donc qu'«interdire le Cruiser est une affaire de bon sens et qu'aucun argument économique ne peut prendre le pas sur les conséquences agricoles alimentaires, sanitaires et environnementales qu'aurait la disparition des abeilles».
Mais FNE montre également du doigt la récente homologation de Protéus (100 g/l de thiaclopride et 10 g/l de deltaméthrine): «Il est homologué pour des parasites de la fleur du colza alors qu'elles représentent une ressource alimentaire très importante pour les abeilles.»
Pour l'association, il est inacceptable que l'avis de l'Afssa ait été pris avec une seule «étude d'impact Protéus/abeilles/colza». Elle souhaite dans ces conditions avoir accès à plus de détails de l'étude d'impact, mais aussi aux détails des études abeilles ayant permis l'inscription des substances actives de ce produit à l'annexe 1 de la directive européenne 91/414.