Le plan d'urgence annoncé mardi par Nicolas Sarkozy pour aider les agriculteurs à faire face aux crises «va dans le bon sens» mais «l'effort aurait pu être plus important», a affirmé Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, lors d'une conférence de presse, à Paris. «Le président de la République a pris conscience de la gravité de la situation», a-t-il reconnu.
«Beaucoup de mesures ne vont pas assez loin», a également estimé le président de Jeunes agriculteurs, William Villeneuve.
Concernant le milliard d'euros de prêts bancaires, «la prise en charge des intérêts aurait due être totale», a par exemple estimé Jean-Michel Lemétayer, soulignant qu'il s'agit «d'un financement indispensable pour faire faire face aux pertes de recettes». Ces prêts seront accordés par les banques à un taux d'environ 1,5% (1% pour les jeunes agriculteurs).
«Nous ne pouvons pas considérer comme un effort (de l'Etat, NDLR) l'exonération de 75% de la taxe carbone», a poursuivi Jean-Michel Lemétayer. «Nous aurions dû être exonérés en totalité. C'est plutôt la confirmation d'une charge de 40 M€», a-t-il poursuivi, soulignant que la taxe carbone constitue une distorsion de concurrence vis-à-vis des producteurs des autres pays européens.
Les responsables de la FNSEA et de JA ont en outre souligné l'insuffisance de l'enveloppe de 170 M€ annoncée par Nicolas Sarkozy pour la prise en charge des cotisations sociales liées à l'emploi de travailleurs saisonniers. «Les vignerons et les producteurs de fruits et légumes seront très déçus», a prévenu Jérôme Volle, secrétaire général de Jeunes Agriculteurs.
«L'effort est là mais il ne va pas du tout compenser les énormes distorsions de concurrence» vis-à-vis des autrres producteurs européens, au détriment des agriculteurs français, a insisté Jean-Michel Lemétayer. «C'est un enjeu considérable. Le sujet ne peut pas être fermé avec l'enveloppe d'aujourd'hui», a-t-il ajouté, assurant vouloir étudier avec le gouvernement les possibilités de soutenir l'emploi en milieu rural ou de mettre en oeuvre une «TVA sociale».
Sur la loi de modernisation de l'agriculture (LMA), Jean-Michel Lemétayer a souligné l'importance de mettre en œuvre une dotation fiscale pour aléa économique, et de réfléchir à la contractualisation entre agriculteurs et transformateurs.
Au sujet de la volonté affichée par Nicolas Sarkozy de refonder la Pac autour de la régulation des marchés, le président de la FNSEA a indiqué que «nous soutenons tout ce travail entrepris par la France». «Mais le président de la République va devoir de battre», a-t-il ajouté.
«Il faut que les chefs d'Etat (de l'UE, NDLR) reprennent les choses en main pour infléchir la volonté de la Commission européenne de libéraliser l'agriculture», a souhaité William Villeneuve.
Les responsables syndicaux ont souligné l'urgence de mettre en œuvre les mesures annoncées par Nicolas Sarkozy. «Nous attendons de la rapidité, de la simplicité et de l'efficacité», a affirmé Jean-Michel Lemétayer. Le plan d'urgence, la LMA, la politique européenne, seront jugés «sur les faits», a-t-il ajouté.
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