Coop de France, le syndicat des coopératives agricoles, n’est pas satisfait de la manière dont est traitée l’agriculture par l’ensemble des candidats à la présidentielle de 2007. Elle n’est vue que par «le seul prisme de l’écologie et des attentes sociétales», qui plus est avec une lorgnette franco-française alors qu’on ne peut pas l’écarter du contexte mondial et européen, a regretté mercredi son président Philippe Mangin.
Face à cette vision étriquée des enjeux et pour remettre les pendules à l’heure, Coop de France vient de sortir un fascicule déclinant «douze questions qui engagent l’avenir» ayant vocation à servir d’argumentaire aux 70.000 agriculteurs administrateurs de coop et à nourrir la réflexion des candidats.
Coop de France voit trois défis à relever, celui de la démographie galopante qui nécessitera de multiplier par deux la production vers 2030-2040, celui de l’énergie et enfin celui du développement durable . «Trois défis qui exclut certains modèles agricoles que des candidats veulent promouvoir», a prévenu Philippe Mangin, cantonnant l’agriculture française au seul bio et aux signes de qualité. Si la préférence communautaire est un thème enfourché par tout le monde, aucun candidat ne dit comment. «C’est démagogique» a estimé Philippe Mangin. Selon Coop de France, c’est autour des normes qu’on pourra l’imposer, en construisant «une agriculture écocertifiée».
Les coopératives suggèrent aux candidats de faire porter l’effort sur deux axes. Après le rendez-vous manqué de la loi d’orientation agricole (LOA), il faut solidifier les exploitations par une fiscalité appropriée. «On doit permettre aux exploitations d’avoir une récolte d’avance», a lancé Philippe Mangin afin de leur permettre de résister aux aléas. Coop de France envisage un lissage pluriannuel des bénéfices à l’instar de ce qui est permis pour les cotisations MSA. L’organisation veut qu’on aille plus loin dans les systèmes de déductions pour aléas (DPA) et de déductions pour investissement (DPI) et que l’on développe l’assurance récolte et l’assurance revenu.
Le second axe a trait à l’organisation économique des producteurs, là aussi mal traitée par la LOA. Pour Philippe Mangin, l’offre agricole est encore trop inorganisée et il est impératif de se tourner d’abord vers le client. «Il faut absolument tout faire pour inciter les agriculteurs à contractualiser (…) que l’agriculteur ait un bon de commande quand il ensemence», a-t-il expliqué.