Pour contrer la flambée des prix des denrées agricoles, qui menace la stabilité des pays pauvres, la Banque mondiale recommande un effort massif et concerté à l'échelle internationale.
«Nous avons besoin d'une nouvelle donne pour la politique alimentaire mondiale», a jugé mercredi, le président de l'institution multilatérale, Robert Zoellick, en appelant à la mise en oeuvre d'une politique aussi ambitieuse que le «New Deal» du président Franklin Roosevelt après la crise de 1929.
La Banque mondiale considère que 33 Etats dans le monde sont menacés de troubles politiques et de désordres sociaux à cause de la montée brutale des prix des produits agricoles et énergétiques.
M. Zoellick, qui a fait de l'agriculture une priorité après son arrivée à la tête de l'organisation en juillet, a en particulier appelé à l'abondement rapide des 500 millions de dollars requis par le programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM).
«Les Etats-Unis, l'Union européenne, le Japon et les autres pays membres de l'OCDE doivent agir maintenant pour combler ce déficit ou alors encore plus de gens vont souffrir et mourir de faim», a-t-il dit, devant les membres du Center for Global Development (CGD), une ONG basée dans la capitale américaine.
Le PAM a lancé le 20 mars «un appel d'extrême urgence», sa responsable Josette Sheeran réclamant 500 millions de dollars (325 millions d'euros) aux pays donateurs.
De son côté, la Banque mondiale «doublera presque ses prêts dans le secteur agricole en Afrique, les portant de 450 à 800 millions de dollars», a promis Robert Zoellick.
En mars, le prix réel du riz a atteint son plus haut en 19 ans et celui de la farine son record depuis 28 années, a-t-il rappelé, quelques jours avant les assemblées de printemps de la Banque mondiale et du FMI, qui doivent se tenir les 12 et 13 avril 2008, à Washington.
Cette inflation très vive a contraint plusieurs pays du Sud à prendre des mesures exceptionnelles pour garantir leur approvisionnement.
Mardi, au deuxième jour de violentes manifestations contre la cherté de la vie à Abidjan, le gouvernement ivoirien a annoncé la «suspension temporaire des droits de taxes à l'importation pour le riz, l'huile de table, le lait, la farine de blé, le sucre, le poisson, la boîte de conserve de tomates et le ciment», dans un communiqué lu à la télévision nationale.
Vendredi, le gouvernement vietnamien avait annoncé qu'il réduirait ses exportation de riz cette année pour assurer sa sécurité alimentaire et stabiliser les prix.
Le même jour, l'Egypte avait purement et simplement suspendu pour six mois ses exportations, «le riz étant une denrée de base en Egypte et le principal substitut aux pâtes dont les prix ont augmenté récemment après la hausse des prix du blé sur le marché international», expliquait Sayyed Aboul Komsane, conseiller du ministre du Commerce Mohamed Rachid.
«Cette nouvelle donne doit non seulement se concentrer sur la faim et la malnutrition», a détaillé M. Zoellick: «mais encore sur les interconnexions avec l'énergie, les rendements, le changement climatique, l'investissement, la marginalisation des femmes entre autres, la résistance économique et la croissance».
Il a proposé trois autres mesures pour amortir les effets du ralentissement économique mondial sur les pays les plus vulnérables: une aide à l'Afrique versée par les fonds souverains, la consolidation de l'Initiative pour la transparence des industries extractives (EITI), et la conclusion du cycle de Doha à l'OMC.