Les paysans chinois pourront désormais échanger, transférer ou même sous-louer leurs droits à exploiter la terre, qui appartient toujours officiellement à l'Etat, en vertu d'un document rendu public dimanche par le gouvernement.
Le Comité central du Parti communiste chinois avait donné son feu vert le 12 octobre à ces réformes destinées à améliorer le sort d'environ 800 millions de ruraux, dont l'écart des revenus par rapport aux citadins n'a cessé de se creuser depuis l'ouverture économique de la Chine, il y a trente ans, et à assurer l'approvisionnement alimentaire face à une demande croissante.
Il s'agit notamment de «permettre aux paysans de sous-louer, d'échanger, de transférer» les droits sur les terres dont ils ont l'usage, est-il écrit dans ce document, qui ne contient que peu de détails sur la façon dont ce système fonctionnera.
Depuis 1978, date de l'arrivée au pouvoir du père des réformes, Deng Xiaoping, les paysans, qui ne jouissent que d'un simple droit de bail, fixé à 30 ans, ne pouvaient ni transmettre leur terre, ni même la sous-louer sans l'aval des autorités.
Ces nouveautés «ne doivent pas modifier l'usage agricole de la terre ou porter atteinte aux droits contractuels à la terre des paysans», souligne le document publié dimanche.
Un des objectifs fixés par le gouvernement est de doubler le revenu de chaque habitant des zones rurales d'ici à 2020.
La Chine doit «renforcer les fondements de l'agriculture, accroître les revenus des paysans, défendre leurs droits et leurs intérêts», poursuit le document.
Ces dernières années, les autorités ont mis l'accent sur l'établissement d'une société «harmonieuse», au bénéfice notamment des campagnes, supprimant un antique impôt agricole ou annonçant en 2006 des mesures en faveur des écoles rurales.
Malgré le décollage rapide de l'économie, une large frange des ruraux vit encore dans des conditions difficiles en Chine. Les jacqueries, souvent brutalement réprimées, se sont multipliées, principalement dans le sud du pays.
Les autorités locales, responsables de la propriété et de la gestion des terres, abusent souvent de leur pouvoir pour exproprier des agriculteurs, puis céder les terrains avec une plus-value conséquente, sans verser cependant de compensation équitable aux personnes expropriées.