Améliorer l'image de l'agriculture, et fournir aux agriculteurs du Sud-Ouest un débouché valorisant, voilà ce dont le chanvre est capable! C'est à partir de cette conviction que plusieurs acteurs du Sud-Ouest ont vu une opportunité au développement de cette culture dans la région.
Partant de zéro hectare, la région est devenue rapidement un bassin de production majeur, avec 3.000 ha en cultures en 2009 sur quatre départements: Landes, Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées et Haute-Garonne. En France, seuls 10.000 ha sont cultivés.
C'est la coopérative Euralis qui pilote cette filière, depuis la récente reprise du pionnier Coopéval. Avec 8 millions d'euros investis, Euralis est dotée de la plus grosse unité mondiale de traitement des fibres de chanvre à destination de l'industrie: Agrofibre.
«Cette usine est aussi l'une des plus performantes puisqu'elle permet d'obtenir jusqu'à 80% de fibres techniques à partir de la paille brute, contre un ratio de 50% généralement constaté dans les unités de grande capacité», se félicite Joan Reverté, directeur d'Agrofibre.
La qualité des produits obtenus permet de se positionner sur des créneaux à plus forte valeur ajoutée que les simples litières pour animaux. C'est l'industrie du bâtiment le plus gros client pour la filière du Sud-Ouest, comme isolant ou constituant pour les enduits.
L'investissement dans la recherche ouvre une autre voie de valorisation prometteuse dans le moulage d'un parpaing contenant 80% de chanvre en volume, pour la création d'habitation de type «monomur». «Les capacités d'isolation du chanvre, permettant de se passer de couche isolante supplémentaire», spécifie Eric Gazagnes, directeur du développement agricole d’Euralis-Coopéval.
Le projet est en cours d'industrialisation et pourrait donner naissance à 450 maisons individuelles la première année de lancement et Eric Gazagnes assure avoir à terme les capacités d'approvisionnement pour 4.000 maisons par an.
Les producteurs en demandent «Avec les prix des céréales au plus bas et le prix des intrants qui reste élevé, aujourd'hui, tout le monde veut cultiver du chanvre», lâche Eric Gazagnes. A 120 €/t la paille payée au départ de la parcelle, le débouché semble rémunérateur pour cette culture économe en intrants et ayant un rendement en paille moyen de 6-7 tonne par hectare. La coopérative devrait pouvoir facilement déployer les 6.000 ha permettant à son usine de fonctionner à pleine capacité. |