Divulgué par un élu, le projet du ministère de l'Environnement de créer un parc national dans la basse vallée du Doubs suscite de vives inquiétudes. Les agriculteurs se sont renseignés sur les objectifs du parc et les conséquences sur leurs activités.
Les premières conclusions ne sont pas rassurantes concernant les effets sur les productions agricoles, les industries agroalimentaires et l'économie du monde rural.
Le parc national, délimité sur 72.000 hectares dans la Saône-et-Loire, le Jura et le Doubs, a « un objectif scientifique avec un cœur de zone de 10.000 ha préservé de toute activité humaine ». Le pourtour de cette surface est conduit en solidarité écologique (1).
« Tous les enjeux environnementaux sont déjà protégés dans le cadre de Natura 2000 », s'indigne Emmanuel Buisset, agriculteur à Charette-Varennes (Saône-et-Loire). Dans la zone, 4.000 ha sont déjà en Natura 2000 dans la Saône-et-Loire et 6.000 ha dans le Jura.
« Ces secteurs ont été imposés sous prétexte de la mise en place de pratiques volontaires. Or, aujourd'hui, des mesures deviennent obligatoires comme l'interdiction de labourer les prairies, de capter les mouillères, de drainer ou de réaliser des passages dans les haies. Nous craignons la même démarche après la création du parc », souligne-t-il.
« La vallée alluviale est saine agronomiquement. Elle est submersible à certains moments mais ce n'est pas une zone humide », complète Emmanuel Buisset.
L'empilement de normes va rendre les exploitations difficiles à gérer. Les risques sont réels, car une fois le projet validé, un groupement d'intérêt public constitué des acteurs du territoire sera chargé d'élaborer un cahier des charges. « Mais les élus et les exploitants n'y seront pas majoritaires », explique l'agriculteur.
Les maires sont majoritairement défavorables. Le conseil régional de la Bourgogne s'est aussi prononcé en sa défaveur. Les chambres de commerce se sont jointes aux chambres d'agriculture pour exprimer leur opposition. Il en est de même pour les FDSEA et les organismes stockeurs. Un industriel du charbon de bois s'est vu refuser l'autorisation de s'agrandir dans la zone du futur parc national de la forêt de feuillus, dans le Châtillonnais.
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(1) note du document administratif.
Une perte estimée à 6,5 millions d'euros Sur 72.000 hectares, 42.000 ha sont en cultures. Près de cinq cents exploitations sont concernées. Elles produisent 600 ha de légumes de plein champ, 50 millions de litres de lait, 150.000 tonnes de céréales et détiennent 137 élevages allaitants. Les contraintes liées à la remise en cause de l'irrigation et la reconversion en bio généreraient une perte estimée à 6,5 millions d'euros par an à l'agriculture. La réduction de la sole légumière mettrait en difficulté les usines de Val-d'Aucy et STL, qui transforment les légumes et emploient plusieurs centaines de salariés. |
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