Après avoir débuté la campagne avec le vent en poupe, les exportateurs français ont été contraints d’affaler les voiles, comme en témoigne le ralentissement des certificats délivrés par Bruxelles. « Les opérateurs vivent aujourd’hui sur les certificats distribués ces derniers mois, mais nous assisterons probablement à un redémarrage en mars pour une fin de campagne active », a pronostiqué Bruno Hot, le directeur de l’OniGC, à l’issue du premier conseil de direction « céréales » de l’année.
La décision de la Commission européenne de n’attribuer que des certificats « tiret » depuis octobre n’est pas étrangère à cette allure réduite. Ce type de certificat, valable seulement 60 jours et pouvant se voir taxé, contrairement aux certificats à restitution, n’a rien de motivant pour des exportateurs déjà pénalisés par la faiblesse du dollar, qui plombe la compétitivité de la zone euro. Dernière illustration en date de ce déséquilibre tarifaire : le récent appel d’offres égyptien s’est soldé par une commande de 370 000 t de blé qui a totalement échappé aux Européens, au profit des origines américaine, russe et kazakh.
L’avance prise à la fin de l’été sur les volumes de blé européen engagés à l’exportation par rapport à l’an passé a donc fondu pour se transformer en retard au 1er janvier (5,4 Mt en 2007 contre 5,8 Mt cette année). Mais si l’on en croit l’OniGC, qui maintient ses prévisions françaises à 6,3 millions de tonnes vers pays tiers et 8 Mt vers l’UE, l’Hexagone ne devrait pas être pénalisé par ce passage à vide. « Nos marchés traditionnels comme le Maghreb fonctionnent bien, et nous attendons beaucoup de l’ouverture des contingents marocains », a affirmé Bruno Hot. Cet optimisme est renforcé par une disponibilité de plus en plus faible chez nos concurrents, qui devraient, en bout de course, laisser le champ libre aux blés tricolores.
Le Conseil international des céréales évalue ainsi à 3,6 Mt les exportations ukrainiennes en 2006/2007, contre 6,5 Mt en 2005/2006. Même constat pour la Russie, qui ne disposerait plus que de 3 Mt pour l’export pour le reste de la campagne, alors qu’en décembre les expéditions américaines étaient en recul de 21 % par rapport à la saison précédente.