Le rapport d'évaluation internationale des sciences et technologies agricoles au service du développement (IAASTD), présenté mardi à l'Unesco, fait preuve d'une grande vigilance quant aux conditions de développement des biotechnologies, dont font partie les OGM. De même, pour toutes les formes de bioénergie, il estime que les décideurs doivent soigneusement évaluer les conséquences sociales, environnementales et économiques.
Ce rapport international a fait collaboré 400 scientifiques, des gouvernements de pays industrialisés et en développement et des représentants de la société civile et du secteur privé. Il a été approuvé par les gouvernements de 64 pays, la semaine dernière à Johannesbourg. Certains ont cependant émis des observations ou des réserves, comme par exemple les Etats-Unis et la Chine concernant la partie sur les biotechnologies.
La production de biocarburants de première génération (bioéthanol et biodiesel) «a rapidement augmenté au cours des dernières années mais cela tient principalement aux mesures de soutien dont ils bénéficient», selon le résumé du rapport. «La conversion de certaines cultures en combustibles peut accroître les prix alimentaires et freiner les efforts de lutte contre la faim dans le monde», poursuit-il.
Les biocombustibles de deuxième génération «n'ont pas encore été approuvés commercialement et leurs effets environnementaux et sociaux demeurent incertains», ajoute l'IAASTD. Concernant l'électricité et la chaleur produites à partir de la biomasse, «des travaux de recherche et de développement s'imposent pour réduire les coûts et améliorer la fiabilité des opérations».
«Pour toutes les formes de bioénergie, les décideurs doivent soigneusement évaluer tous les coûts sociaux, environnementaux et économiques par rapport aux avantages potentiels et aux autres options énergétiques viables», conclut le rapport sur ce sujet.
Pour la biotechnologie, une solution au problème de la recherche et du développement «serait d'investir dans les priorités locales définies suivant une démarche participative et transparente», avance l'IAASTD.
Les OGM ont un potentiel pour augmenter la production alimentaire mondiale reconnu par les chercheurs d'Amérique du Nord et d'Europe, explique, Marianne Lefort, directrice scientifique à Agrro Paris Tech et directrice de recherche à l'Inra, «mais il est essentiel qu'une évaluation soit faite dans toutes les dimensions, économique, environnementale, et sociale».
Prenant l'exemple d'un OGM qui serait tolérant à la sécheresse, cette innovation «n'a de sens que si elle est validée dans un contexte local», estime-t-elle.