Interrogée jeudi sur l'évolution des surfaces en bio par rapport à la surface agricole totale et le 2% de 2007, l'Agence bio reste évasive. Les mesures mises en place par Michel Barnier, depuis la fin de 2007 pour favoriser les conversions en bio (1), visent à atteindre une surface correspondant à 6% de la surface agricole cultivée. Elles cherchent à tirer les conversions vers le haut, en particulier celles des producteurs en grandes cultures, les seules susceptibles de fournir des hectares au bio. Elisabeth Mercier, la directrice de l'agence, les organisations bio, et même le ministre de l'Agriculture, s'accordent à dire que cet objectif est très ambitieux.
La directrice de l'agence a tout de même révélé, en première estimation, que le nombre de producteurs en conversion par rapport à 2007 est sur une «progression à deux chiffres, au dessus de 10%». Les données précises devraient être dévoilées lors du Salon international de l’Agriculture, fin février. Mais la moitié de ces producteurs sont dans le vin et les fruits et légumes, les producteurs de céréales et d'oléoprotéagineux ne représentant qu'une «part plus modeste» de ces conversions en 2008. «Il y a besoin d'un véritable déclic dans les grandes cultures», a insisté Mme Mercier, qui estime que cela devrait se produire en 2009 avec le déplafonnement des aides à la conversion.
Dans le cadre du fonds de structuration des filières biologiques («Avenir Bio»), mis en place en 2008 et doté de 3 millions d’euros par an pendant 5 ans, l’Agence Bio a déjà effectué deux appels à projets. Le troisième va être lancé début 2009. Ils ont pour but de soutenir la production bio et de la relier à la demande, tout en sécurisant les débouchés pour les producteurs, ainsi que les approvisionnements pour les transformateurs et les distributeurs. En 2008, 13 dossiers ont été retenus, dont cinq en fruits et légumes, mais un seul en céréales.
Le dernier baromètre de l'Agence Bio, qui donne annuellement et très précisément les tendances de consommation et de perception des produits bio en France, est une nouvelle fois très positif. Et ce malgré la crise économique ambiante. Jeudi, Elisabeth Mercier, s'est félicitée que les produits bio soient restés «solides face à la crise».
Tous les indicateurs de consommation «restent au vert» a-t-elle insisté. Pourtant, l'enquête menée par CSA a été réalisée en pleine crise, du 27 au 31 octobre 2008, à la «pire période», a souligné Elisabeth Mercier. De manière générale, indique le baromètre, près de quatre Français sur 10 trouvent normal de payer plus cher le bio - entre 12% et 14% - par rapport au non bio.
Les chiffres du baromètre, a-t-elle indiqué, montrent que les acheteurs de produits bio y restent fidèles puisque «quatre Français sur dix achètent chaque mois un produit bio». Et même, les produits bio recrutent, avec 21% de nouveaux consommateurs depuis moins de 2 ans, précise l'agence.
C’est le vin issu des raisins de l’agriculture bio qui touche essentiellement les nouveaux adeptes. Suivent les produits à base de soja, les jus de fruits, puis le pain. Parmi les produits les plus consommés, les fruits et légumes (77% des consommateurs-acheteurs de bio) occupent toujours le devant de la scène, puis viennent les produits laitiers (70%), suivis par les produits d’épicerie (56%), la viande (49%), et le pain (42%).
(1) 12 millions d'euros sur trois ans dans le cadre des mesures agro-environnementales, le déplafonnement des aides à la conversion, le doublement du crédit d'impôt, et dernière mesure annoncée, la réorientation des aides dans le cadre du bilan de santé de la Pac vers le bio.