La Confédération paysanne a réaffirmé mardi son opposition au projet de barrage de Sivens (Tarn) et demandé une réorientation des cultures vers des systèmes moins gourmands en eau dans des régions comme le Sud-Ouest.
« Vu le coût monumental d'un tel projet, il faut se réorienter vers des cultures moins gourmandes en eau plutôt que de construire des barrages », a déclaré à l'AFP Laurent Pinatel, le porte-parole de la Confédération paysanne. « Le réchauffement climatique doit être pris en compte par les agriculteurs », a-t-il ajouté.
Le projet de Sivens représente, selon lui, « des subventions énormes pour un modèle agricole en bout de course ». « Nous sommes contre la monoculture, notamment du maïs, il faut diversifier les productions », avance le responsable de la Confédération paysanne. « Le maïs demande beaucoup d'eau et d'intrants, car il épuise vite la terre. En plus, le retour sur investissement (d'un projet d'irrigation) avec le maïs est long », explique-t-il. Selon lui, « un mètre cube d'eau pour l'irrigation génère un euro de plus-value pour le maïs et 150 euros si on fait du maraîchage ».
« Stocker de l'eau oui, puisqu'on en a trop l'hiver et pas assez l'été, mais si c'est pour irriguer des champs de pommiers, qu'on arrose de pesticides, ou de maïs, ce n'est pas bon », explique-t-il, car cela affecte « la qualité de l'eau qui est remise dans les nappes phréatiques ».
« Ne pas attiser la haine avec le reste de la société »
Au sujet de la réunion, le mardi 4 novembre en fin de journée au ministère de l'Ecologie avec les élus locaux, des représentants du monde agricole et des opposants au barrage, Laurent Pinatel juge « intelligente » la démarche de Ségolène Royal de mettre tout le monde autour d'une table, « même s'il a fallu beaucoup d'événements pour y arriver ». « Cette réunion va permettre d'expliquer la méthode de concertation et de dialogue », selon lui. La Confédération paysanne « demandera de nouveau l'arrêt du projet ».
Laurent Pinatel critique les déclarations de Xavier Beulin, le président de la FNSEA, qui avait qualifié il y a quelques jours de « djihadistes verts » certains opposants au projet de barrage. « Beulin attise la haine entre les paysans et le reste de la société, ce n'est pas comme cela qu'on va avancer », estime le responsable agricole. « Les paysans doivent se réapproprier les questions environnementales, et une réflexion citoyenne sur ces sujets est également nécessaire », a-t-il ajouté.