Les agriculteurs argentins ont décidé vendredi de prolonger d'une semaine le mouvement de grève qu'ils ont lancé jeudi pour protester contre la politique du gouvernement de Buenos Aires qu'ils jugent hostile à leur encontre.
«La seule manière de lever cette grève, c'est que le gouvernement fasse marche arrière», a indiqué le dirigeant des Confédérations rurales argentines, Mario Llambias, au cours d'une conférence de presse.
Les agriculteurs, à l'origine de plus de la moitié des exportations argentines, protestent contre la décision du gouvernement d'augmenter les taxes à l'exportation de plusieurs produits agricoles, dont le soja, principale richesse de l'Argentine.
Cette décision, annoncée mardi, a provoqué la colère des agriculteurs qui ont alors décidé de se mettre en grève de 48 heures à partir de jeudi. Pendant ces deux jours, aucun produit agricole n'a été commercialisé et les bourses aux céréales sont restés fermées. Les Argentins n'ont toutefois pas eu à en pâtir en raison des stocks existants mais la prolongation de ce mouvement de grève pourrait changer la donne.
Le «campo» (campagne) avait déjà observé une grève de neuf jours en 2006 pour protester contre la politique du gouvernement.
Les agriculteurs dénoncent les lourdes taxes dont ils sont l'objet et l'ingérence du gouvernement dans la fixation des prix de nombreux produits alimentaires, dont la viande ou le blé. Les autorités argentines rétorquent que l'augmentation continue des prix des produits agricoles (+70% en un an pour le soja par exemple) justifie cette hausse des taxes.
Le ministre argentin de l'Economie, Martin Lousteau, avait annoncé mardi une hausse de près de 9% de l'impôt grevant les exportations de soja, la principale richesse agricole du pays.
Chaque tonne de soja exporté est désormais taxée à hauteur de 44,1% contre 35% auparavant, ce qui, ajouté aux autres taxes à l'exportation (blé, maïs, tournesol, etc.), devrait permettre à l'Etat argentin de récupérer plus de 11 milliards de dollars. Cette manne permet à l'Argentine de boucler chaque année son budget avec un excédent fiscal record, tout en finançant sa politique en faveur des plus démunis.