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Revenu agricole de 2009

Pour les syndicats, les chiffres prouvent la gravité de la crise

Publié le lundi 14 décembre 2009 - 18h57

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Revenu agricole de 2009: pour les syndicats, les chiffres prouvent la gravité de la crise. Photo: C. Thiriet

Faisant suite aux prévisions de la Commission des comptes de l’agriculture annonçant une baisse du revenu agricole par actif de 32% en 2009, les syndicats alertent sur une situation catastrophique, réclament un changement de politique et demandent des outils de régulation.

Pour la FNSEA, les comptes de l’agriculture de 2009 confirment «l’extrême vulnérabilité de notre agriculture, que l’Europe sacrifie sur l’autel des échanges internationaux avec l’abandon de tous les outils de régulation. Le plan de soutien au secteur ne représente, dans cette situation, qu’une petite bouffée d’oxygène qui ne compense pas les pertes et devra être renforcé». Pour le syndicat majoritaire, «il faut retrouver des voies d’espoir» et créer une «Pac plus souple, plus réactive, plus efficace, régulatrice des marchés; des filières mieux structurées qui sauront construire un prix rémunérateur pour les agriculteurs et sécurisant pour les consommateurs; une maîtrise indispensable des charges, notamment sociales et environnementales».

«Nous attendons que la Loi de Modernisation de l’Agriculture (LMA) nous fasse reprendre le bon chemin, pour une agriculture revalorisée et valorisante (...)» a déclaré William Villeneuve, président de Jeunes Agriculteurs. Le syndicat souligne que la situation actuelle des jeunes paysans français est «pire que celle de leurs aînés, trente à quarante ans en arrière». Ces chiffres du revenu agricole en 2009 sont «de bien mauvaise augure pour l’installation et l’avenir de nos campagnes», estime JA. «Comment promouvoir un métier qui n’a pas de perspectives?», s'interrogent les JA, qui demandent au gouvernement et aux parlementaires «des mesures fortes visant à soutenir l’installation, la transmission et assurer la pérennité des exploitations agricoles, et la préservation du foncier agricole pour les générations futures d’agriculteurs».

Pour Orama, l'union des grandes cultures, «sur 115 ha de Cop, le revenu s’élèvera en valeur absolue à un peu plus de 15.000 € avant impôt et cotisations sociales. Et dans les régions du sud de la France où les récoltes ont été mauvaises, les résultats seront encore pires». Face à ces chiffres, Orama remet en cause «le prélèvement de 60 à 100 €/ha sur leurs paiements directs» à partir de 2010: «Les pouvoirs publics doivent réparer la grave erreur qu’ils ont commise au début de l’année en décidant ce prélèvement au prétexte que les prix des céréales et des oléoprotéagineux seraient durablement élevés.. Orama demande la réunion de toute urgence du comité de suivi spécifique que le président de la République, en mars dernier, s’était engagé à créer si la situation l’exigeait.

La FNPL (fédération nationale des producteurs de lait - FNSEA), estime que la chute de 54% annoncée pour leur secteur laitier en 2009 est le «sinistre exemple des conséquences dévastatrices de la volonté immuable de la Commission et des Etats européens de jeter l’agriculture dans le libéralisme et la dérégulation des marchés». L’Europe «doit faire le constat de l’échec de la réforme de sa politique agricole et redonner à l’élevage une véritable dynamique» dans la «durabilité». Cela passe par «une véritable politique de régulation» et un retour «aux fondements du traité de Rome», juge la FNPL.

La FNB (fédération nationale bovine - FNSEA) de son côté relève que «l’affichage par la Commission des comptes de l’Agriculture d’une hausse prévisionnelle du revenu 2009 de 17% pour les éleveurs bovins-viande spécialisés s’avère en total décalage avec la réalité d’exploitations qui affrontent une crise de revenu sans précédent dans sa durée et son ampleur». Elle souligne que cette annonce «suscite étonnement et incompréhension parmi des éleveurs déjà exaspérés par la faible prise en considération de leur situation réelle de crise depuis trois ans». La FNB considère que «des mesures de soutien public à la production de viande bovine, et une revalorisation des cours sur le marché sont indispensables pour permettre aux exploitations de franchir le cap de cette crise».

Pour les Producteurs de légumes de France, qui constatent que leur revenu a été «amputé des 3/4» depuis 2007, «cette situation ne peut plus durer, c’est l’existence même du Potager français qui est en cause. Pouvoirs publics et acteurs de la filière doivent réagir», soutiennent-ils. Selon eux, cette situation est principalement due à «des distorsions de concurrence fortes au sein de l’Union européenne et avec les pays tiers, notamment méditerranéens», soulignant que «l’Union européenne passe des accords de libre échange avec le Maroc» ou encore l’Egypte, et que «le coût du travail est deux fois plus élevé en France qu‘en Allemagne (12€/h contre 6€/h)». L'organisation dénonce également une «filière qui ne sait plus valoriser les légumes, mais qui reste experte en matière de remises, rabais et ristournes indus, prélevés sur les producteurs».

«Du jamais vu... les paysans sont au bord du gouffre, alerte la Confédération paysanne. Cette situation dramatique et inexcusable révèle le bilan d’une politique agricole calamiteuse, guidée par les forces du marché et abandonnée par le pouvoir politique en dehors de quelques mesurettes anesthésiantes et inefficaces.» Le syndicat invite alors les «structures syndicales qui parlent d’agriculture compétitive, de réduction des charges et qui ont abandonné tout combat sur les prix» à faire leur «mea culpa». La Confédération paysanne revendique une «véritable politique agricole fondée sur la maîtrise et la répartition des productions et le développement d’outils de régulation renforcés et efficaces».

Pour la Coordination rurale, «le premier secteur de l’économie française est mis en faillite». Le syndicat accuse le gouvernement et la Commission européenne d'être responsables de l'effondrement des prix agricoles «dans leur obsession de l’inflation pour le panier de la ménagère». Conséquence pour le syndicat, «l'agriculture sombre et entraîne des dizaines de milliers de familles dans le désespoir et la colère».

Pour l' APCA (Assemblée permanente des chambres d'agriculture), «ces résultats confirment la gravité de la crise. Ils traduisent l'extrême fragilité des entreprises agricoles confrontées à une variation de prix que nul autre secteur économique ne pourrait supporter. Alors qu'en 2008, 16% des exploitations agricoles avaient un revenu nul ou négatif, cette situation va encore s'aggraver». Accusant les effets du démantèlement des outils de régulation de la Pac, l'APCA appelle à «rénover des outils de régulation des marchés pour qu'ils remplissent pleinement leur rôle de stabilisation» et à «mettre de la transparence dans la transmission des prix» et «garantir un juste retour de la valeur ajoutée aux producteurs». «Il faut sortir de cette impasse et bâtir une nouvelle régulation alimentaire mondiale», a déclaré Luc Guyau, président des chambres d'agriculture.

«Le pire est à venir l’an prochain avec l’application du plan Barnier», redoutent la Chambre d'Agriculture d'Ile de France et celle de Seine et Marne. «Il n’est pas question de remettre en cause ce qui a été accordé à l’élevage», insiste-t-elle, «mais il est impensable de maintenir une telle ponction sur une céréaliculture exsangue». Pour la Chambre d'Ile de France, il est «grand temps» pour le président de la République de tenir sa promesse faite en mars de «la création d’un comité de suivi correctif des résultats, notamment en cas de maintien de cours effondrés: l’affligeant tableau des comptes 2009 le confirme hélas très largement», ajoute-t-elle.

Quant au ministère de l'Agriculture, il explique dans un communiqué que «ces résultats confirment la nécessité d’une régulation européenne des marchés agricoles pour stabiliser le revenu des agriculteurs, conformément à l’Appel de Paris du 10 décembre 2009» et «justifient le plan d'aides d'urgence». «Cette situation de forte baisse de revenu se retrouve dans tous les grands pays agricoles, dans l’Union européenne comme aux Etats-Unis», tempère le ministère.

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S.B.

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