Après avoir distribué pendant dix-sept ans de l’ensilage de maïs accompagné de drêches de brasserie, d’herbe enrubannée et de soja à leurs prim’holsteins, les quatre associés du Gaec 2000 ont changé leur fusil d’épaule. A Sarcicourt (Haute-Marne), ils ont mis à l’épreuve pendant neuf mois un menu distribué à volonté composé de 80% de concentré et 20% de foin à la moitié de leur troupeau. La seconde moitié recevait une ration complète classique à base de maïs ensilage, d’herbe enrubannée et de tourteaux de colza. Bilan: la ration sèche est plus onéreuse mais a amélioré la productivité des vaches tout en réduisant le temps de travail consacré au troupeau.
Meilleures conditions de travail
"Notre première motivation pour la ration sèche était de donner un avenir attrayant et décent aux actuels membres du Gaec et à nos successeurs, en améliorant nos conditions de travail", explique Georges Flamérion, l’un des quatre associés. "La pérennisation de l’exploitation passe aussi par des week-ends et des vacances, lance dans la foulée Gérard Bruno, un second associé. Il fallait limiter le temps de travail les fins de semaine."
L’absence d’un membre du Gaec pendant six mois pour raison de santé a aussi été un facteur déclenchant. Il a fallu continuer à gérer les troupeaux avec moins de personnel, sachant que l’exploitation est constituée de deux sites distants de 50 km l’un de l’autre: au siège du groupement, le troupeau laitier hors sol. Sur l’autre exploitation, les génisses et les boeufs.
"Avec le recul, cette nouvelle alimentation nous a donné pleinement satisfaction, poursuit Georges. La distribution est plus simple. Nous gagnons environ 1h30 de travail par jour avec une mélangeuse en moins à faire et la réduction du nettoyage des silos et des auges. Nos vaches ont aussi pu exprimer totalement leur potentiel génétique."
Davantage de lait
La production laitière a augmenté de 3,5 kg par jour et par vache en moyenne avec le même niveau cellulaire. Le taux butyreux a reculé de 3,2 g/kg et le taux protéique de 0,3 g/kg. "Notre niveau de production plafonnait à 8.500 litres de lait par vache, se souvient Georges. Nous avions pourtant toujours amélioré notre génétique en achetant cinquante doses par an." Du côté de la reproduction, en revanche, l’intervalle vêlage-insémination fécondante s’est allongé de près de vingt-trois jours dans le lot "ration sèche", pour atteindre 125 jours.
Les quatre associés ont aussi constaté un changement dans le comportement des animaux. Les vaches sont moins ventrues et plus calmes car elles peuvent manger à toute heure, jour et nuit. "Nous ne les avions jamais vues avaler autant de foin, estime Gérard. Ce fourrage de qualité est important pour contenir raisonnablement la consommation de concentrés."
"Le fait de gagner du temps nous a également permis d’être plus proches des vaches en leur apportant plus de surveillance et plus de soins comme le parage. Ce n’est pas uniquement la ration qui change mais tout un contexte d’élevage", conclut Georges Flamérion.
par Charles-Henri Pouzet (publié le 2 juin 2006)
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