La facture des importations céréalières des pays les plus pauvres va augmenter de 56% en 2008 après avoir augmenté de 37% en 2007, a indiqué Jacques Diouf, directeur général de l'organisation, au cours d'une conférence de presse.
Il a estimé que cette hausse des produits alimentaires «avait un impact dévastateur sur la sécurité de nombreux peuples et sur les droits de l'homme».
Jacques Diouf a énuméré les pays (Mauritanie, Cameroun, Burkina Faso, Ethiopie, Indonésie, Egypte, Maroc, Côte-d'Ivoire, Sénégal, Madagascar, Philippines, Haïti) où la hausse des prix des denrées alimentaires (céréales, riz, huiles, lait) a déjà provoqué des émeutes tandis que l'armée doit surveiller les champs et les entrepôts au Pakistan et en Thaïlande.
Il a lancé un appel aux chefs d'Etat et de gouvernement des 191 membres de la FAO pour qu'ils participent du 3 au 5 juin 2008 à Rome à une Conférence sur la sécurité alimentaire mondiale.
Il nous faudra décider de «mesures immédiates d'urgence» face à cette flambée des prix sinon celle-ci «profitera uniquement aux pays riches, faute des investissements nécessaires dans l'appareil productif agricole des pays pauvres», a-t-il expliqué.
Jacques Diouf estime qu'une «opération massive de distribution de semences et de fertilisants» est devenue nécessaire dans ces pays et a rappelé que dans les années 1970 une programme de ce type avait permis de sortir l'Inde de l'urgence alimentaire pour un coût de 5 milliards de dollars.
«Nous devrons aussi corriger les politiques agricoles erronées menées au cours des vingt dernières années», a affirmé le directeur général, faisant notamment allusion à l'insuffisant effort, selon lui, des banques internationales en faveur de l'agriculture, l'absence d'une politique mondiale de protection des ressources en eau ou le développement du biocarburant «qui a drainé 100 millions de tonnes de céréales et de soja» hors du marché alimentaire.
La FAO a par ailleurs fait état de «prévisions optimistes» pour la récolte céréalière mondiale en 2008. Sauf catastrophe climatique, la production atteindrait cette année le chiffre record de 2,164 milliards de tonnes, en hausse de 2,6% par rapport à celle de 2007.
Si elle se matérialise, «la situation actuellement tendue sur l'offre céréalière mondiale pourrait se relâcher en 2008-2009». Par contre, «tout déficit important résultant de conditions climatiques défavorables, en particulier dans les pays exportateurs, prolongerait la situation actuelle tendue du marché, contribuant ainsi à renforcer les prix et à aggraver les difficultés économiques auxquelles nombre de pays sont déjà confrontés», ajoute la FAO.
(Publié en rubrique "Actualités" le vendredi 11 avril 2008 | 16h33)
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