Publié le vendredi 19 mars 2010 - 18h01
L'Inra, dans un document publié le jeudi 18 mars 2010, fait le point sur les dégâts de la tempête Xynthia et les conséquences sur les cultures et les prairies, qui ont été inondées par l'eau de mer. La priorité reste l'évacuation de l'eau le plus rapidement possible.
Le 27 février 2010, la tempête Xynthia a touché très durement le littoral de la Charente-Maritime et de la Vendée. L’eau salée a inondé les terres agricoles consacrées pour les deux tiers aux grandes cultures et pour un tiers aux prairies. Les chambres d’agriculture des deux départements estiment les surfaces envahies par la mer à environ 40.000 hectares en Charente-Maritime et 12.000 hectares en Vendée.
Dans l’immédiat, il faut évacuer l’eau le plus rapidement possible et par tous les moyens, car les conséquences pour les plantes et le sol vont dépendre du niveau de salinité de l’eau et de la durée de la submersion, explique l'Inra.
Pour les prairies, l’eau devra s’évacuer de façon gravitaire lorsque le réseau hydraulique sera suffisamment bas. Il faudra faciliter le départ de l’eau de la parcelle vers le réseau en réhabilitant la fonctionnalité des rigoles existantes ou en créant des tranchées de connexion. En ce qui concerne les cultures drainées, l’eau doit s’évacuer par les drains par la remise en route des pompes fixes (avec réhabilitation électrique et mécanique si besoin est) ou l’utilisation de pompes externes.
D’une façon générale, le sel (chlorure de sodium) a un effet, d’une part, sur les plantes, en provoquant des brûlures des feuilles et en limitant leur capacité à prélever de l’eau dans le sol et, d’autre part, sur le sol.
Dans le sol, les ions sodium vont se fixer sur la matrice argileuse et provoquer une perte de structure, poursuit l'Inra. Aussi, sur le long terme, l’apport de gypse (… de calcium) va permettre de substituer les ions calcium aux ions sodium de la matrice argileuse et ainsi restaurer la structure. Pour être totalement bénéfique, les apports de gypse doivent se faire en été au moment où la présence de fentes de retrait permet de traiter efficacement l’ensemble de l’horizon cultivé.
Les premiers effets sur les prairies concernent un surcroît de travail avant la mise à l’herbe pour remettre en état les clôtures malmenées par les vagues et les objets flottants, nettoyer les parcelles des objets indésirables apportés par l’eau, enlever les dépôts de débris végétaux accumulés par endroit de façon importante et empêchant la pousse de l’herbe, dégager les rigoles obstruées par les débris végétaux ou la boue.
En raison de la très forte humidité du sol et donc de sa faible portance, la sortie des animaux en prairies s’en trouvera retardée et va nécessiter de mobiliser des réserves de fourrages supplémentaires.
L’effet de l’inondation sur les prairies va aussi probablement dépendre de la durée de submersion, de la salinité de l’eau et de la météo qui va suivre l’exondation.
Il semble que la salinité importante de l’eau ait déjà un effet visible sur quelques espèces semées comme la fétuque élevée et quelques légumineuses. Il faut surveiller leur redémarrage ou non lors du retour de pluies et de la douceur des températures.
En ce qui concerne la flore autochtone des prairies naturelles de marais, on peut penser que les espèces de cette flore sont plus résistantes à ce type d’aléa, estime l'Inra. Seul un suivi sur des parcelles pour lesquelles on dispose de relevés de flore les années passées pourra nous permettre de tester cette hypothèse. Une modification substantielle de la composition des prairies aurait des conséquences importantes en termes de production et de qualité fourragère. Une réflexion s’engage pour mettre sur pied un réseau de suivi sur les prairies ce printemps sur la base des données disponibles sur les années antérieures.
Sur le plan de la production des prairies, on pourrait s’attendre à un retard de démarrage de la végétation lié à l’inondation. Cependant, le temps sec et froid qui s’est installé depuis le début de mars et qui suivait des mois de janvier et février très frais a stoppé le début de croissance des prairies même hors inondation. Il faut donc surveiller l’évolution des prairies lors du retour de conditions climatiques plus favorables.
Des problèmes de portance des parcelles retardant l’accès pour l’apport de fertilisant et la mise à l’herbe des animaux seront sans doute plus contraignants.
Une inquiétude demeure concernant la qualité de l’eau des fossés ce printemps pour l’abreuvement des animaux. Le renouvellement de cette eau saumâtre à salée par de l’eau douce sera-t-il suffisant ?
Afin de réfléchir aux solutions techniques à proposer aux agriculteurs, un groupe de techniciens des chambres d’agriculture de la Charente-Maritime et la Vendée, de l’Inra, d’Arvalis, du Cetiom et de l’ensemble des coopératives et négoces concernés, s’est constitué.
Lire également :
• Tempête Xynthia : Nicolas Sarkozy annonce des mesures prises pour les agriculteurs (17 mars 2010)
Notre dossier :
• Tempête Xynthia : l'heure des comptes
Le commentaire d'article est réservé aux abonnés de La France Agricole.
Si vous êtes abonné, identifiez-vous dans le bloc "services experts"
situé en haut à droite de la page.
Si vous voulez vous abonner et profiter de tous les contenus du site ainsi que de l’édition papier de La France Agricole, cliquez sur le lien ci-dessous :
Nos offres d'abonnement
simples ou couplées,
à nos publications
hebdomadaires
et mensuelles
Découvrir nos Offres