Publié le mercredi 17 mars 2010 - 19h20
La Chine est en pleine réforme agricole. Ce pays continent dans lequel on pourrait rentrer plus de 17 fois la superficie de la France cherche aujourd'hui à maintenir son niveau d'autosuffisance alimentaire, de quoi nourrir une population de plus de 1,3 milliard d’habitants, 22 % de la population mondiale.
« Pour le gouvernement chinois, il est absolument indispensable de maintenir ce niveau d'autosuffisance à 95 % pour les trois céréales stratégiques que sont le riz, le blé et le maïs, lesquelles constituent les bases de l’alimentation », nous a expliqué mercredi Li Zhaoyu, responsable à Pékin du bureau de France Export Céréales, à l'occasion d'une intervention à l'Académie d'agriculture à Paris. En revanche, pour l'orge, dont la Chine est grosse consommatrice, le pays importe en quantité, et la France est un de ses principaux fournisseurs.
Le problème qui se pose à ce pays en plein développement (la croissance économique annuelle moyenne est de 9 %), c'est sa croissance démographique de plus de 0,5 % par an, avec une progression rapide de l’industrialisation et de l’urbanisation.
M. Li parle d'atteindre le niveau de 550 millions de tonnes de céréales par an d'ici à 2020, ce qui impose durant cette période une croissance de la production chinoise de céréales de 5 Mt par an, précise-t-il.
« Pour maintenir la stabilité sociale et développer une agriculture durable (1), le gouvernement chinois a mis en place plusieurs politiques agricoles depuis dix ans à travers des aides financières, la classification des zones agricoles par catégorie en différenciant les objectifs d’une part, et en diminuant raisonnablement, d’autre part, le nombre de ruraux vivant de l’agriculture (de 10 à 15 millions de personnes par an, NDLR), permettant ainsi d’élever leur niveau de vie », explique-t-il.
M. Li présente les principales mécaniques (elles sont au nombre de neuf, voir l'encadré) que le gouvernement a identifiées pour parvenir à ce maintien d'autosuffisance. La planification des cultures à l'échelle nationale, en tenant compte des particularités et de la diversité géographiques des terres arrables (7 % du territoire chinois), le coup de pouce à la commercialisation des produits agricoles... Le but étant d'équilibrer la demande et la production, chamboulées par les mouvements et la croissance de sa population.
Bien sûr, Li Zhaoyu insiste sur le rôle primordial de l'investissement et de l'innovation dans cette révolution agricole. Et particulièrement sur l'importance des OGM, le gouvernement ayant récemment homologué une variété de maïs (pour le bétail) et deux de riz (pour l'alimentation humaine) génétiquement modifiées sur leur territoire. Sans oublier le plan chinois pour développer les énergies vertes : « en 2010, la Chine devra introduire 3,2 Mt de maïs dans la fabrication d'étahanol », destiné à remplacer 2 Mt d'énergies fossiles, a ajouté M. Li.
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(1) Selon diverses sources officielles, rapporte Li Zhaoyu, les coûts environnementaux représentent de 5 à 10 % du produit intérieur brut de la Chine (les ressources en eau sont limitées et souvent de mauvaise qualité : 50 % des nappes phréatiques sont polluées, 62 % des cours d’eau sont impropres à tout usage).
« Les neuf grandes mécaniques mises en place » pour une révolution agricole en Chine • conforter la responsabilité du gouvernement de province, • maintenir le système de la responsabilité forfaitaire par foyer agricole, • protéger la surface de culture planifiée à l'échelle nationale, • encourager les innovations scientifiques et techniques pour l'agriculture, • renforcer les investissements dans l'agriculture, • augmenter les aides et les subventions dans l'agriculture, • améliorer le système de commercialisation des produits agricoles, • orienter et coordonner la production et la consommation afin d'avoir un rapport offre/demande en produits agricole équilibré. |
La politique céréalière chinoise de 2001 à 2009 2001 : adhésion à l'OMC. 2004 : instauration d'aides directes aux agriculteurs, dont la subvention à l'achat des « bonnes semences » pour augmenter la production. 2005 : maintien des aides directes sur les semences, aides à l'achat de machines agricoles et instauration d'un prix garanti pour le riz, principale céréale. 2006 : abolition des taxes agricoles (économie de 160 milliards de yuans pour l'agriculture), prix garanti pour le blé. 2007 : maintien de ces aides directes. 2008 : maintien des aides + achat provisoire de maïs, soja, colza, coton et sucre. 2009 : maintien de ces aides. |
Lire également :
• OGM : le gouvernement chinois compte sur le riz OGM pour assurer la sécurité alimentaire (5 février 2010)
• OGM/Chine : le riz génétiquement modifié a « encore un long chemin à parcourir » (12 mars 2010)
• Chine : la pollution d'origine agricole dans les eaux inquiète les autorités (11 février 2010)
B.V.
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