Publié le mardi 11 juin 2013 - 18h10
« Nous sommes sûrs de travailler dans le cahier des charges du troisième millénaire », a déclaré Marion Guillou (1), l'ancienne présidente de l'Inra, le 11 juin 2013 à l'occasion de la présentation, au ministre de l'Agriculture, de ses propositions « pour faire de la France le leader européen de l'agroécologie », comme l'a souhaité Stéphane Le Foll quand il lui a confié cette mission il y a six mois.
Le travail a mobilisé des chercheurs de l'Inra, des fonctionnaires du ministère de l'Agriculture, les instituts techniques ou encore une vingtaine de réseaux afin de mettre au jour des pratiques innovantes (bio, durable, raisonné, de conservation, d'agroforesterie...). « L'objectif est de créer une dynamique sur le terrain et de la diffuser. Une dynamique collective qui intègre une dimension environnementale dès la conception du modèle. C'est une construction a priori et pas des normes a posteriori, a déclaré Stéphane Le Foll en préambule. L'idée est prouver que ce qu'on gagne en termes écologiques, on le gagne aussi en termes économiques. On ne parle pas de fiscalité mais de mécanismes incitatifs. »
Marion Guillou a rappelé son cahier des charges : « Nous avions trois a priori : il y a déjà des pionniers. Il faut s'appuyer sur ce qu'ils ont fait, identifier les points de blocage ; il faut que ce soient des projets innovants, donc pas corsetés par les normes ; il faut permettre la diversité des systèmes. »
Concernant la méthode, le groupe de travail a identifié les pratiques performantes sur un plan écologique et économique en France et à l'étranger. Les chercheurs ont aussi travaillé sur la notion de « double performance » pour faire sauter des verrous, notamment techniques, agronomiques. Ils ont trouvé 35 performances et relevé 203 pratiques chez les agriculteurs. « Ces pratiques sont intimement liées au milieu organisationnel et humain, donc on ne propose pas de prêt-à-porter ».
« Beaucoup n'osent pas passer le cap car ils subiraient une perte de récolte de 25 à 30 % les cinq premières années, a reconnu Stéphane Le Foll. Souvent, cela nécessitera aussi des investissements. Pour les inciter, il faut leur prouver que l'objectif est atteignable, avec des exemples concrets à l'appui. Il faut leur dire de se regrouper. On leur mettra à disposition des moyens techniques (experts, produits de la recherche...) qui faciliteront ce transfert de connaissance. Enfin, on mettra des moyens financiers à disposition, mais ce ne sera pas l'essentiel. »
Le ministre a précisé qu'on ne serait « pas dans la logique des CTE, on met en pratique une mesure cinq ans et on arrête ». L'idée serait de mettre en place des MAE « système » et de réserver l'aide à des agriculteurs réunis autour d'une démarche agroécologique, par exemple sous l'égide d'un GIEE (groupement d'intérêt économique et écologique). Au final, l'aide sera bien versée à l'hectare et à l'agriculteur, mais elle valorisera les démarches collectives à long terme. Démarches certifiées ou labellisées qui donneront aussi accès à un « chèque conseil », autrement dit un accompagnement technique et juridique par un conseiller lui aussi labellisé « agroécologie », soutenu financièrement. Parallèlement, les labellisations comme Certiphyto vont se développer.
Autre proposition du rapport Guillou : adapter aux produits phytosanitaires le mécanisme de certification d'économie d'énergie (CEE) et inciter les vendeurs de phytos à réduire de 30 % en 6 ans l'utilisation de ces produits. « Si le vendeur de produits phyto vend aussi une méthode d'économie de produits, ce sera plus efficace pour faire changer les comportements. Soit il vendra moins, soit il devra acheter des certificats aux autres vendeurs. »
« Cela va demander énormément de travail », a souligné Stéphane Le Foll. Cela implique de revoir l'enseignement agricole et de reformer les enseignants, de reformer également les milliers de conseillers techniques de terrain, de mettre en place des formations professionnelles pour les agriculteurs et de réformer les filières... Pour les lycées et les agriculteurs, Marion Guillou estime qu'en cinq ans, le passage d'une agriculture à l'autre est faisable. L'idée est que tous les futurs installés soient dans la dynamique.
C'est un peu plus compliqué pour les agriculteurs en fin de carrière qui ont fait des investissements et ont un souci de transmission. « Selon un sondage réalisé par une coopérative de l'ouest de la France, 10 % des agriculteurs seraient déjà dans la dynamique et 58 % sont prêts au changement mais réclament un accompagnement », a-t-elle relevé. Pour mettre en place cet accompagnement, Marion Guillou table sur dix ans. Stéphane Le Foll espère moins...
La loi d'avenir discutée au Parlement en 2014
Toutes ces propositions doivent faire l'objet de débats pour être intégrées dans la future loi d'avenir qui sera discutée au Parlement au premier semestre de 2014. « Nous devons prendre le temps pour la loi d'avenir », a déclaré Stéphane Le Foll en réponse notamment aux syndicats qui dénoncent un simulacre de concertation pour une loi qui se dit d'avenir.
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(1) Marion Guillou est aujourd'hui directrice d'Agreenium.
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Arielle Delest
mercredi 12 juin 2013 - 13h28
yuo
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mercredi 12 juin 2013 - 09h43
365
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mercredi 12 juin 2013 - 08h21
rabolio_fa
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mardi 11 juin 2013 - 19h28
berber40
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popey16
mercredi 12 juin 2013 - 18h13
si nous transformons notre exploitation en agroecologie nous allons a la faillite.nous sommes en monoculture mais de 48 ans nos rendements sont corrects et le taux de matieres organiques augmente donc nous pouvons continuer si on nous laisse libres.nos sols sont limono sableux sur sous sol argileux c est a dire hydromorphes .seul le mais est rentable a 130qx ha nous avons essaye le triticale qui donne 40qx ha.je demande au professeur le foll et a mme guillou le resultat apres la transformation en agroecologie et verdissement pac.peut etre mes enfants iront pointer a la plus grosse entreprise de france.de grace laissez nous travailler l europe manque de mais 1 gamin meure de faim toute les5mn