L'ambiance était pesante à la table ronde organisée par Interbev (interprofession du bétail et des viandes), le 2 octobre au Sommet de l'élevage, sur le nouveau contexte que connaît l'élevage bovin européen depuis l'apparition du sérotype 8 (BTV 8) de la fièvre catarrhale ovine (FCO).
Eleveurs et opérateurs français, italiens et espagnols ont expliqué aux représentants de la Commission européenne (DG Sanco, Direction générale de la santé) et de la Direction générale de l'alimentation (DGAL) du ministère de l'Agriculture qu'ils en ont marre des mesures adoptées face à la maladie et qui entravent le commerce entre Etats membres.
Intervenant juste après Etienne Bonbon, le représentant de la DG Sanco, et Claudine Lebon de la DGAL, Patrick Bénézit, coordinateur des éleveurs de races à viande du grand Massif central, n'a pas mâché ses mots: «Les intervenants précédents ont brillé par l'absence de réponse. (A l'arrivée du BTV 8 de la FCO en Europe du Nord, NDLR), on nous a expliqué que c'était une histoire de vétérinaires, de gens qui savent. On les a écouté.»
Le syndicaliste est loin d'être convaincu par les résultats obtenus face à la progression du BTV 8 et du BTV 1 et il attend que les autorités politiques en tirent les conséquences. «La maladie s'arrêtera là où elle voudra. Il faut que les politiques arrête de déléguer aux scientifiques. Il faut laisser le commerce se faire et ne pas en ajouter aux problèmes économiques existants.»
«Vous avez regardé les Jeux olympiques, a demandé Jean-Claude Crassat, le président de la commission d'import-export de la Fédération française des commerçants en bestiaux (FFCB) à Claudine Lebon. Vous avez vu des coureurs gagner avec un sac à dos?»
Le négociant a le sentiment que les autorités sanitaires n'ont rien fait pour fluidifier le commerce, et qu'au contraire, ils ont rempli le sac, brique après brique. «C'est une gestion de crise sanitaire pour les entreprises qu'il va falloir trouver, insiste-t-il. Car beaucoup d'entre elles vont mourir.»
Il est bien difficile de construire des filières dans ces conditions. «Les perturbations du flux commercial de broutards a déstabilisé les mises en places et les sorties de jeunes bovins, note Guy Hermouet, vice-président de la Fédération nationale bovine (FNB). Aujourd'hui, les engraisseurs de l'Ouest se posent des questions sur leur avenir, par rapport à la rentabilité de leur activité. Ce n'est pas avec des à-coups que l'on construira une filière. Il y aura de gros soucis si on ne redresse pas la barre.»
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