Des producteurs de lait de l'Apli (Association des producteurs de lait indépendants) et la Coordination rurale ont appelé jeudi, à une grève des livraisons «dès ce soir», pour dénoncer, après plus d'un an de crise dans le secteur, l'effondrement du prix du lait et la dérégulation du marché décidée par Bruxelles.
«J'appelle tous les producteurs français et européens à suspendre leur livraison de lait dès la traite de ce soir», a déclaré Pascal Massol, président de l'Association des producteurs de lait indépendants (Apli), membre français de l'organisation européenne de producteurs de lait EMB (European Milk Board).
Il s'exprimait aux côtés d'autres responsables des organisations membres de l'EMB, qui revendique 100.000 producteurs de lait dans 14 pays européens, devant une centaine de producteurs de lait, venus en bus de toute la France et de pays européens, rassemblés sur l'esplanade des Invalides, à Paris.
«On est en train de décapiter la production laitière européenne. Je ne peux pas croire que l'Europe n'entende pas notre appel», a ajouté Pascal Massol.
La Coordination rurale «soutient tous les producteurs de lait qui s’engagent avec courage dans la grève des livraisons qui vient d’être lancée. Elle appelle tous les producteurs, au-delà de tout clivage syndical, à s’unir dans la grève», a annoncé le syndicat, jeudi dans un communiqué.
La Coordination rurale appelle le président Nicolas Sarkozy «à prendre la mesure de la gravité de la situation et à être l’interprète des producteurs à Bruxelles pour que l’Union européenne comprenne enfin la nécessité vitale d’organiser la production et le marché du lait en Europe», poursuit-elle.
«Nous sommes solidaires des Français», a affirmé le président de l'EMB, Romual Schaber, qui dirige également la Confédération des producteurs laitiers (BDM) allemande.
Pour des raisons liées à la législation nationale, «nous ne pouvons pas appeler officiellement à la grève mais ce sont les producteurs, que l'on réunit ce soir, qui vont décider s'ils vont faire la grève», a expliqué Erwin Schöpges, président du MIG, organisation belge membre de l'EMB.
Cet appel intervient après l'échec d'une réunion lundi à Bruxelles où les pays européens ont affiché leurs divisions entre les partisans d'une libéralisation du marché et ceux, comme la France et l'Allemagne, qui soutiennent une régulation afin d'assurer une stabilité des prix.
Les producteurs ont déjà mené plusieurs actions de protestation, parfois violentes, notamment en France et en Allemagne et à Bruxelles, fustigeant la décision européenne de supprimer les quotas de production d'ici à 2015, la surproduction étant, selon eux, à l'origine de l'effondrement des prix.
«On va commencer ce soir ou demain. Je suis prêt à tenir le temps qu'il faut. On ne nous écoute pas. Tous nos syndicats sont plus politiques qu'autre chose», a affirmé Jean-François Duriel, 31 ans, Fresville (Manche), qui brandissait une pancarte sur laquelle était écrit «Agriculture libérale, faillite radicale», jeudi à Paris.
«Le prix du lait a baissé et les éleveurs ne peuvent pas s'en sortir. Nous, en tant que fournisseur d'aliments du bétail, ne sommes plus payés et c'est toute la profession qui en pâtit», relevait aussi une agricultrice de 26 ans.
Fondée en 2006, l'EMB regroupe des organisations de producteurs des pays européens suivants: France, Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Danemark, Irlande, Italie, Luxembourg, Croatie, Autriche, Suisse, Espagne, Suède, Royaume-Uni.
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