Alors que Bruno Le Maire attend un «signal politique clair» lors de la réunion avec ses homologues de l'UE, le lundi 5 octobre 2009 à Bruxelles, sur la crise du secteur laitier, la commissaire européenne à l'Agriculture affirme que ce sera «un déjeuner informel où aucune décision ne sera prise».
«Nous aurons la possibilité d'analyser la situation et de discuter des mesures de long terme pour le secteur du lait», poursuit Mariann Fischer Boel, qui quittera ses fonctions d'ici à la fin de l'année.
«Parmi celles que j'ai proposées il y a deux semaines, la plus importante sera la mise en place d'un groupe d'experts réunissant représentants des Etats européens et de la Commission. Il faudra voir sa composition, son ordre du jour... Il importera qu'ils ne siègent pas dans une tour d'ivoire et qu'ils soient en contact avec tous les acteurs du secteur: consommateurs, industriels, producteurs», ajoute-t-elle.
La France réclame aux côtés de l'Allemagne une «nouvelle régulation» du marché du lait. Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a gagné ces dernières semaines le soutien de 18 autres Etats membres.
«J'admire la manière avec laquelle le ministre français Bruno Le Maire voyage à travers l'Europe pour gagner du soutien. S'ils (les 20 Etats membres, NDLR) sont d'accord sur l'objectif général de trouver des perspectives de long terme pour le secteur laitier, je pense que les opinions divergent dans le détail», analyse Mariann Fischer Boel.
«La question d'une réduction des quotas réclamée par à peine cinq Etats au départ semble ne plus être d'actualité. Un autre point sur lequel il n'y a pas d'accord est une hausse des prix d'intervention», observe-t-elle.
Bruxelles est toutefois prêt à étudier une généralisation de la contractualisation des relations entre producteurs laitiers et industriels lors de négociations au niveau national pour assurer des «prix équitables».
Paris propose de compléter le dispositif à l'échelle européenne par un système de «volumes indicatifs» de production non contraignants, pour remplacer les quotas. Ils pourraient servir de référence notamment dans les négociations nationales entre producteurs et industriels.
Il s'agirait d'«un système volontaire dans lequel la Commission ou un régulateur européen définirait le volume souhaitable de lait à l'échelle européenne», a précisé Bruno Le Maire.
«Ce que je n'accepterai pas c'est de revenir sur les décisions du bilan de santé de la Pac», souligne la commissaire européenne, constatant que les prix des produits industriels laitiers (beurre, poudre) remontent. «C'est pour moi le signal que les mesures que nous avons prises jusqu'ici ont eu de l'effet.»
La commissaire refuse l'idée d'un soutien artificiel du prix du lait via davantage de subventions, ou par un retour aux quotas laitiers.
«Si les producteurs «peuvent obtenir 40 centimes (par litre, NDLR), j'en serai ravie. Si le marché le peut, c'est très bien: je veux qu'ils aient les moyens d'investir, d'améliorer leur production pour être concurrentiels sur le marché mondial. Mais c'est au marché de payer. On ne peut pas augmenter artificiellement le prix de 28 à 40 centimes, cela coûterait 20 milliards d'euros au budget communautaire et je ne suis pas sûre que tous les gouvernements soient prêts à débourser une telle somme», explique Mariann Fischer Boel.
«Quant à la reconversion, depuis l'introduction des quotas laitiers dans l'Europe des dix en 1984, le nombre de producteurs laitiers est passé de 1,6 million à 300.000 aujourd'hui dans ces même dix pays... La restructuration du secteur a lieu quoi qu'il arrive», ajoute-t-elle.
Sous les fenêtres du bâtiment où doivent se retrouver les ministres européens, «plusieurs milliers» d'agriculteurs ont prévu de manifester, selon la confédération européenne des producteurs laitiers (EMB), à l'origine d'une grève des livraisons du lait durant deux semaines à la mi-septembre. Ils se disent prêts à recommencer «si aucune décision raisonnable n'est prise» par les ministres.
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