FRSEA et CRAVI de la Bretagne, Coordination rurale, FGA-CFDT... plusieurs organisations ont dénoncé, mardi, la décision des industriels de réduire le prix de reprise des volailles aux éleveurs de la filière de la grande exportation, faisant suite à la décision de Bruxelles de réduire de moitié les restitutions à l'exportation.
La FRSEA de la Bretagne juge inacceptable la baisse décidée par les industriels et appelle les éleveurs à ne pas l'accepter. Elle souligne que « les éleveurs [...] ne bénéficient jamais de hausse de rémunération lorsque [les restitutions, NDLR] sont revalorisées ». L'organisation syndicale propose que ces subventions soient ventilées entre les différents maillons de la filière, et pas uniquement versées aux abatteurs.
L'organisation syndicale apporte quelques éclaircissements à la situation des producteurs. « Compte-tenu des règles contractuelles en intégration, l'entreprise doit faire signer aux éleveurs un avenant au préalable, prévient-elle. Si l'éleveur refuse de signer l'avenant et qu'en conséquence l'entreprise dénonce le contrat, alors elle est tenue de mettre en place deux lots aux conditions du dernier contrat signé avant de cesser de livrer l'éleveur ».
La FRSEA de la Bretagne précise que, pour les éleveurs en coopérative, « la décision de baisse des prix de reprise doit être adoptée par le conseil d'administration de la coopérative ». Elle ajoute que, dans le cas de Doux, « si la baisse est appliquée sans soumission d'avenant aux éleveurs », elle estime nécessaire « d'interpeller les pouvoirs publics sur le respect de la réglementation par les administrateurs judiciaires ».
La Coordination rurale s'insurge, elle aussi, contre la décision prise par les abatteurs. « Quand le groupe [Doux] fait des bénéfices, les éleveurs n'en voient que des miettes, mais quand il est dans la tourmente, ils peuvent à juste titre craindre d'en subir bien plus nettement les conséquences, insiste-t-elle. Le modèle d'intégration est un véritable échec pour les producteurs. »
Le syndicat propose de rendre l'intégrateur « coresponsable des risques financiers qu'il fait courir à l'agriculteur » et de « créer un statut social particulier pour l'éleveur intégré afin de le protéger et l'indemniser si la situation de l'intégrateur se dégrade. Sans régulation de la production, l'intégration et la contractualisation sont un piège pour les producteurs. En effet, il existe un déséquilibre majeur quant aux rapports de force avec les industriels qui peuvent asservir les producteurs en les obligeant à continuer de produire, même à perte. »
« Les éleveurs et salariés ne doivent pas payer la facture ! », souligne la Confédération paysanne dans un communiqué diffusé le 1er février. « La suppression des restitutions à l'exportation est programmée depuis plus de 10 ans et force est de constater que rien n'a été fait, ni par la filière, ni par les pouvoirs publics, pour anticiper cette situation (..) Ce n'est ni aux éleveurs, ni aux salariés d'en assumer les conséquences, par des mesures qui amputeraient leur revenu déjà faible ou par des licenciements. » La Confédération paysanne « réaffirme son plein soutien aux salariés concernés et appelle tous les éleveurs à refuser de signer les avenants aux contrats d'intégration ».
Le Comité régional avicole de la Bretagne (CRAVI) annonce avoir réuni son conseil d'administration pour se positionner face « aux annonces faites par les industriels de la filière de baisser les prix d'achat du vif à leurs fournisseurs, qu'ils soient éleveurs ou organisations de production. Quelles que soient les productions, aucune baisse du prix du vif et des prix de contrats éleveurs ne sera acceptée. »
Le CRAVI juge « inexplicables » les annonces des industriels qui interviennent peu de temps après la présentation des conclusions de la réflexion engagée dans la région sous l'égide des pouvoirs publics pour « donner un nouveau souffle à l'aviculture française ». Il prévient que les groupements réuniront leurs adhérents d'ici au vendredi 1er février 2013, avec l'appui de la FRSEA et des FDSEA, « afin de leur exposer la situation et de prendre en compte leurs avis ».
L'organisation souhaite que les pouvoirs publics réunissent « la filière régionale le plus vite possible pour trouver une issue la plus rapide possible à la crise qui s'annonce. Les mises en place de volailles ne seront effectuées, suivant le calendrier prévu, qu'à la seule condition que les industriels renoncent aux baisses annoncées. »
De son côté, la FGA-CFDT (Fédération générale agroalimentaire CFDT) dénonce « le manque d'anticipation des industriels de la filière » face à la décision de Bruxelles de sabrer dans les restitutions. « Depuis l'accord de Marrakech de 1994, chacun sait que les restitutions ont vocation à être réduites puis à disparaître, affirme-t-elle. L'annonce, par la Commission, de la réduction de moitié de celles-ci pour l'exportation de volailles n'est donc pas une surprise. »
Le syndicat de salariés assure que, depuis cette date, il demande aux industriels concernés de faire évoluer leur modèle économique. « Malheureusement, rien n'a été fait par les employeurs des entreprises Doux et Tilly Sabco qui portent l'entière responsabilité de la situation actuelle. A cela s'ajoute le manque de coordination dans la filière, ce qui met en danger l'équilibre global de la filière volaille et l'avenir des salariés. »
La FGA-CFDT estime à 1.000 le nombre d'emplois concernés chez Doux et Tilly-Sabco par la décision communautaire. Elle revendique « un maintien provisoire des restitutions conditionné à des critères sociaux. Une part significative des sommes allouées aux entreprises bénéficiant des restitutions doit être utilisée pour la formation des salariés afin de sécuriser leur avenir professionnel. »