Quelque 250 salariés du volailler breton en difficulté Tilly-Sabco ont bloqué, le mardi 5 novembre 2013 après-midi, la circulation sur la voie express entre Morlaix et Rennes, au niveau de Guerlesquin (Finistère), après avoir reconduit leur mouvement de grève entamé la veille, a constaté une journaliste de l'AFP.
« On a décidé de ne pas reprendre le travail cet après-midi et de mener une action symbolique », avait indiqué à la presse, mardi matin, Corinne Nicole, déléguée CGT de l'entreprise, au terme d'une assemblée générale des salariés, ajoutant que ces derniers « attendaient une réponse de Bruxelles quant à la date d'un rendez-vous ».
Le commissaire à l'Agriculture, le Roumain Dacian Ciolos, « se propose de tenir une réunion le 22 novembre avec les acteurs de la filière de la volaille française de grand export », a annoncé son porte-parole, Roger Waite, dans un communiqué mardi après-midi. Mais il a d'avance douché d'éventuels espoirs d'un recul bruxellois.
Les salariés de l'entreprise avaient occupé quelques heures lundi la sous-préfecture de Morlaix dont ils avaient défoncé le portail avant de quitter les lieux à la demande de leur PDG, Daniel Sauvaget, qui a reçu l'assurance du ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, d'une demande de rendez-vous à Bruxelles pour défendre les aides européennes à l'exportation (restitutions).
Le 18 juillet dernier, Bruxelles a supprimé ces aides qui permettaient aux poulets européens de concurrencer les volailles brésiliennes sur le marché international, notamment au Moyen-Orient. Conséquence de cette suppression chez Tilly-Sabco : M. Sauvaget a annoncé la semaine dernière qu'à partir de janvier, l'entreprise cesserait son activité de poulet d'exportation, soit 90 % de son chiffre d'affaires, et qui occupe la quasi-totalité de ses employés (300 sur 340).
« Depuis trois semaines, les problèmes de l'agroalimentaire ont été phagocytés par le problème de l'écotaxe [...], toutes les discussions ont porté là-dessus et nous on a perdu trois semaines », a estimé Corinne Nicole. « Aujourd'hui, ce que les gens veulent, c'est qu'on parle de la situation de l'entreprise ; ça a commencé hier, ça continue aujourd'hui, on ne veut pas se laisser enterrer sans se faire voir », a-t-elle poursuivi.
Interrogé par l'AFP pour savoir ce qu'il adviendrait de l'entreprise dans le cas où Bruxelles ne reviendrait pas sur ses aides à l'exportation, M. Sauvaget a assuré : « Si nous nous déplaçons avec M. Le Foll, l'entreprise Doux, l'ensemble de la filière, les élus bretons concernés, on ne parlera pas de deux entreprises, on parlera d'une filière, on parlera du maillage économique breton [...], je ne doute pas que l'Europe, qui vient d'ouvrir des quotas à l'importation à l'Ukraine, ait le souci de préserver aussi le futur des aviculteurs bretons. »
Après s'être rendus en début d'après-midi dans le centre de Guerlesquin, petite commune de 1.400 habitants, en opération escargot, les salariés en colère ont investi la voie express RN 12 entre Morlaix et Rennes, bloquant la circulation dans les deux sens. Certains salariés, coiffés d'une charlotte rouge, tenaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « SOS filière poulet en danger » ou « Tilly-Sabco, stop au sacrifice ». Ils devaient à nouveau se réunir dans la soirée pour décider de la suite de leur mouvement.