Le groupe Doux, leader européen de la volaille (entre 700 et 800 éleveurs et 3.400 salariés en France), a été placé vendredi en redressement judiciaire pour six mois faute d'accord avec ses créanciers, suscitant les critiques du gouvernement qui regrette une « décision personnelle » de son dirigeant.
Le tribunal de commerce de Quimper, qui avait enregistré jeudi une déclaration de cessation de paiement du groupe familial basé à Châteaulin (Finistère), l'a placé à sa demande en redressement judiciaire. Un administrateur judiciaire a été nommé, qui assistera la direction « dans la mise au point d'un plan de continuation en France, privilégiant l'emploi et la pérennité de l'entreprise », a indiqué Doux dans un communiqué.
Le groupe, connu pour sa marque « Père Dodu » et plombé par une dette estimée à plus de 430 millions d'euros, a mené la semaine dernière à Paris des négociations avec ses créanciers, dont la banque d'affaires Barclays, pour trouver un compromis sous l'égide du ministère du Redressement productif.
Ce dernier a regretté une « décision personnelle » de son dirigeant, Charles Doux, relevant de « sa seule responsabilité », dans un communiqué commun avec le ministère de l'Agriculture. « Le ministère du Redressement productif s'est mobilisé sans relâche pour trouver une solution équilibrée permettant le maintien de l'activité du groupe et la sauvegarde de ses 4.000 emplois », selon le communiqué. « Charles Doux a pris la décision personnelle de refuser cette solution qui garantissait l'apport de 35 millions d'euros au groupe. [...] Cette décision relève de sa seule responsabilité », poursuit-il.
Banque créancière du volailler, Barclays se dit pour sa part « extrêmement déçue par la décision de M. Doux d'abandonner les discussions en cours et de déposer le bilan aujourd'hui. Cette décision a été prise unilatéralement, sans consultation des parties prenantes travaillant au sauvetage de l'entreprise ». « Les modalités de ce sauvetage financier étaient en cours de finalisation à Paris entre les différentes parties prenantes pour une annonce ce jour », indique encore Barclays dans le communiqué. « Ces travaux ont été interrompus lorsque nous avons été informés des actions unilatérales menées par M. Doux. »
Jean-Charles Doux, directeur général délégué et fils de Charles Doux, a expliqué que les plans de refinancement proposés « reposaient sur des solutions à court terme qui n'offraient pas de garanties suffisantes sur la continuité et la préservation des intérêts régionaux historiques du groupe », dans un communiqué.
Le volailler a annoncé qu'il mettrait en place rapidement « un plan d'aide destiné aux fournisseurs stratégiques et aux éleveurs afin qu'ils ne subissent aucune difficulté ». Entre 700 et 800 éleveurs travaillent sous contrat avec le groupe volailler en France, selon la Confédération française de l'aviculture (CFA).
Le redressement judiciaire sera l'occasion, pour le volaille, de « mettre au point un nouveau plan d'affaires centré sur ses activités françaises », explique Doux, précisant que « les autorités publiques déploient tous leurs efforts pour que la procédure qui s'ouvre, essentiellement technique et liée au niveau d'endettement, n'affecte pas ses opérations ».
Une source proche du dossier avait expliqué, jeudi, qu'un redressement judiciaire apporterait une « bouffée d'oxygène car la dette ne serait plus exigible et créerait un cordon sanitaire entre la France et le Brésil », siège d'une filiale très déficitaire.
Cette filiale (Frangosul), acquise en 1998, a fait l'objet en mai d'un accord de « location » avec JBS, géant brésilien de l'agroalimentaire, qui n'a pas repris la dette, estimée à 294 millions d'euros par la CGT.
« Le redressement judiciaire est pour nous la garantie du versement de nos salaires mais nous avons peur d'un plan social », a résumé le délégué central de la CFDT du groupe Doux, Jean-Luc Guillart. Un comité central d'entreprise est prévu mardi.
Numéro cinq mondial à l'exportation, Doux devrait voir son chiffre d'affaires stagner à 1,4 milliard d'euros en 2011, selon des prévisions datant de novembre. En 2010, il s'était élevé à 1,406 milliard d'euros.
Selon les analystes, le groupe, marqué par une faible rentabilité, a souffert de la guerre des prix dans le secteur de la volaille industrielle et de la hausse des coûts de l'alimentation des volailles.
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