Les propositions de la commissaire européenne à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel, pour réformer l'organisation commune de marché (OCM) du vin sont «inquiétantes» car elles sont «ultralibérales», a affirmé Denis Verdier, président de la CCVF (Confédération des coopératives vinicoles de France), mardi lors d'une conférence de presse.
Selon lui, la France doit «rejeter ces proposition en l'état». Alors que Bruxelles doit présenter une proposition détaillée de réforme d'ici à quelques semaines, au début de juillet, la CCVF souhaite que la nouvelle ministre de l'Agriculture, Christine Lagarde, gère ce dossier «fondamental pour l'avenir» en priorité.
Le président de la CCVF en appelle également «au plus haut de l'Etat». Il estime que la position exprimée, avant les élections, par le président de la République, Nicolas Sarkozy comporte plusieurs points qui peuvent servir de base à la position française.
Dans un courrier que Nicolas Sarkozy avait adressé à la CCVF, le candidat jugeait alors que certains éléments de la proposition de réforme de Bruxelles étaient «inacceptables» comme la libéralisation des plantations, l'arrachage incontrôlé, la libéralisation de l'étiquetage ou la libéralisation des outils de gestion du marché.
Denis Verdier a souligné l'urgence pour la profession et le gouvernement de «bâtir une contre-proposition au projet Fischer Boel». «Il faut que la France parle d'une seule voix», a-t-il ajouté. Des discussions ont été engagées dans le cadre de l'AGPV pour «bâtir une position unitaire», a assuré le président de la CCVF. L'AGPV (Association générale de la production viticole) regroupe les coopérateurs (CCVF), les Viticulteurs indépendants, les producteurs de vins AOC (CNAOC) et les producteurs de vins de pays (CFVDP).
Denis Verdier a également expliqué que cette position commune est élaborée en liaison avec la FNSEA et Jeunes Agriculteurs. Il a souligné que le président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer est également président du Copa (organisations agricoles de l'UE) ce qui doit «renforcer notre position à Bruxelles».
Un des points qui inquiètent le plus la CCVF dans les propositions de la Commission européenne est la suppression des droits de plantation, ce qui reviendrait à la liberté de plantation. Denis Verdier a souligné un risque de «délocalisation» du vignoble et l'incohérence avec le projet de financement de l'arrachage.
A ce sujet la Commission a ramené l'objectif à 200.000 ha, contre 400.000 ha proposés en juin 2006. La CCVF souhaite surtout que cette mesure soit encadrée afin que l'arrachage ne se concentre pas dans un seul pays.
Alors que Bruxelles souhaite supprimer les mesures de distillation les caves coopératives souhaitent une phase de transition de plusieurs années.
Elles sont également favorables à la promotion du vin. Mais, selon Denis Verdier, des campagnes de promotion généralistes sont insuffisantes, il faut également «encourager les entreprises dans leurs investissements commerciaux».