Surprise : le vin le plus cher au monde est un Bourgogne - non pas un Romanée-Conti mais un vin d'Henri Jayer à 15.195 dollars (14.254 euros) la bouteille de 75 cl - alors que le premier vin de Bordeaux, le réputé Petrus, doit se contenter du 18e rang, selon un classement établi par le site en ligne spécialisé Wine Searcher.
Wine Searcher, fondé à Londres en 1999, a réalisé ce classement des « 50 vins les plus chers au monde », publié au début août, à partir des listes de prix de 54.876 cavistes, négociants et producteurs dans le monde, répertoriant 7.283.489 bouteilles de vin, tous millésimes confondus, et avec un prix moyen par bouteille. A eux seuls, les Bourgognes font un tir groupé impressionnant, trônant aux trois premières places, avec quatre autres vins dans les dix premiers et au total pas moins de 40 vins sur 50 !
Pour Henri Jayer, décédé en 2006 à 84 ans, c'est un hommage posthume à son Richebourg Grand Cru, en Côtes-de-Nuits. Ce viticulteur visionnaire, icône des vins de Bourgogne, est même deux fois sur le podium avec au 3e rang son Cros-Parantoux, en Vosne-Romanée Premier Cru, une minuscule parcelle de 1,01 hectare (8.832 dollars/8.072 euros). Opposé au recours aux substances chimiques, à la filtration, partisan du labour des vignes et de faibles rendements (seulement environ 3.500 bouteilles par an), inventeur de la macération pré-fermentaire à froid, il a produit un pinot noir épuré, de grandes limpidité et expression.
C'est au début des années 1950 qu'Henri Jayer met sur le marché ses premières quilles, qui comptent aujourd'hui parmi les meilleurs vins rouges au monde. En 2012, lors d'une vente aux enchères organisée par la maison britannique Christie's à Hong Kong, une caisse de 12 bouteilles de son Cros-Parantoux 1985 a même atteint le prix record de 199.735 dollars (182.556 euros), soit 15.213 euros la bouteille. Il est mort trop tôt pour voir sa région viticole des Côtes-de-Nuits et des Côtes-de-Beaune inscrite en 2015 par l'Unesco au Patrimoine mondial de l'humanité sous l'appellation « Climats de Bourgogne », mais il en aura été un des artisans.
Le plus renommé des vins bourguignons, le Domaine de La Romanée-Conti, fournit avec La Romanée-Conti Grand Cru la deuxième bouteille la plus chère au monde (13.314 dollars/12.169 euros) et est mentionné au total pour six vins. Le carton plein de la Bourgogne est complété par la cinquième place du Domaine Leflaive avec un Montrachet Grand Cru (5.726 dollars/5.234 euros).
Les prestigieux Bordeaux ne sont cités qu'à deux reprises, pour des Pomerols : Petrus, de Jean-Pierre Moueix, 18e à 2.701 dollars/2.469 euros, et Le Pin, de Jacques Thienpont, 23e à 2.359 dollars/2.156 euros.
Un seul Côtes-du-Rhône est cité, 10e : Ermitage Cuvée Cathelin, de Jean-Louis Chave, à 3.795 dollars/3.469 euros. Et deux Champagne : Krug Clos d'Ambonnay à la 24e place à 2.253 dollars/2.059 euros et, à la 32e, Moët et Chandon Dom Pérignon P3 Plénitude brut.
A noter que deux vignerons allemands, tous deux mosellans, Egon Müller et Joh. Jos. Prüm, figurent chacun à deux reprises : Egon Müller à la 4e place pour son Scharzhofberger Riesling Trockenbeerenauslese (vin blanc demi-sec, à 6.630 dollars/6.060 euros) et aussi en 34e pour un vin de glace (Eiswein), Prüm en 7e position pour son Wehlener Sonnenuhr Riesling Trockenbeerenauslese (4.706 dollars/4.301 euros) et également au 44e rang, pour un Beerenauslese.
Seul autre vin étranger classé, 14e : un Californien de la Napa Valley, le Screaming Eagle Cabernet Sauvignon, de Stanley Kroenke, à 2.884 dollars/2.636 euros.