Les coopératives agroalimentaires espagnoles avec les organismes professionnels Coag (Coordination des organisations de producteurs) et UPA (Union des petits producteurs) vont demander à leur ministère de tutelle « l’autorisation urgente » d’une distillation de crise pour 2,5 millions d'hectolitres (Mhl) de leurs vins, « une mesure envisagée par la réglementation vitivinicole européenne et espagnole en vigueur ».
Il souhaitent ainsi « stimuler le marché », en en retirant un volume de vin propre à rééquilibrer l'offre et la demande.
« Face au manque de transactions et aux prix faibles à la production », les coopératives agroalimentaires espagnoles, la Coag et l'UPA ont sollicité un entretien urgent avec le secrétaire d’Etat au Milieu rural et à l’Eau, Josep Puxeu, a-t-on appris sur le site de la Coag.
Selon ces organisations, le déséquilibre entre l’offre et la demande, causé par le recul important des exportations depuis le début de 2009, conjugué à l’accélération de la baisse de la consommation qui sévit depuis des années sur le marché espagnol, a conduit à « une réduction alarmante des prix à la production et l’augmentation des stocks à la fin de la dernière campagne ».
Mais elle place également sur le banc des accusés la nouvelle OCM vins « qui a démonté tous les mécanismes de régulation du marché », en laissant le secteur viticole « totalement sans protection » en situation de crise, comme actuellement.
« Lors de la campagne en cours, le montant financier maximal pouvant être dédié à cette mesure s’élève à quelque 56 millions d’euros permettant de distiller environ 2,5 Mhl pour lesquels est préconisé un prix unique de 1,91 euro par degré/hectolitre », indiquent les professionnels agricoles espagnols. Un prix qui, selon eux, n'est « aucunement spéculatif » et qu'ils jugent « raisonnable ».
Les professionnels insistent sur le fait que « la réglementation en vigueur permet d’attribuer à cette mesure jusqu’à 15 % des ressources communautaires du secteur comprises dans l’enveloppe nationale de soutien, somme pouvant être complétée par 5 % de fonds nationaux ».
« L’ensemble du secteur a jugé que la baisse de la récolte enregistrée lors des dernières vendanges n’a pas permis d’améliorer le comportement du marché, qui demeure stagnant et sans mouvement », relèvent les professionnels.
Ils insistent enfin sur la nécessité d’utiliser la totalité des fonds communautaires de l'enveloppe nationale assignée à l'Espagne en appui au secteur viticole, contrairement à ce qui a pu se passer durant la dernière campagne.
En France, plus de 17 millions d’euros de fonds furent non utilisés sur la campagne 2008-2009. Cela serait « inexplicable au moment où le secteur vitivinicole espagnol traverse une situation si grave », martèlent les professionnels espagnols.
Pour la France en 2009, FranceAgriMer avait autorisé la distillation de crise de 600.000 hl de vins de pays et de vins de table rouges pour répondre à la profession confrontée à des problèmes de mévente du millésime 2008.
Lire également :
• Viticulture : l'Espagne modifie ses aides aux producteurs pour soutenir le secteur (22 février 2010)
• Arrachages de vignes en Espagne : seulement 56 % des demandes pour 28.000 ha seront primées (Fega) (10 février 2010)
• Vin/OCM : les producteurs demandent un report sur 2009-2010 des fonds non utilisés (FNSEA, Vif) (23 octobre 2009)
• Vin/OCM : 600.000 hectolitres profiteront d'une distillation de crise (FranceAgriMer) (25 septembre 2009)