Les exportations françaises de vins et spiritueux ont beau afficher leur troisième meilleure performance historique, avec 10,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires, les représentants de la filière ne s’en réjouissent pas. En effet, la valeur des exportations a baissé de 2,8 % par rapport à 2013 et les volumes suivent la même courbe : 195 millions de caisses contre 200 millions en 2013, soit tout juste 2,8 % de moins.
« Comme l’année dernière, les faibles volumes disponibles expliquent ces résultats, a indiqué Christophe Navarre, le nouveau président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS). C’est vrai pour les vins, mais c’est également vrai pour les jeunes eaux-de-vie. »
La question des disponibilités est dans tous les esprits, certains exportateurs parlant même de « frustration de ne pas avoir pu expédier autant que nous aurions voulu ».
La bonne récolte de 2014 devrait ramener un peu de sérénité dans les échanges, mais en Bourgogne, par exemple, « il faut deux bonnes campagnes pour espérer un retour à la normale, selon Louis-Fabrice Latour. Nous avons fait la moitié du chemin ».
Du côté des vins, les volumes expédiés ont en effet pâti de deux petites récoltes successives. Les échanges se sont contractés à 143 millions de caisses, soit -3,3 % par rapport à l’année précédente. La filière se rattrape sur les prix, puisque les valeurs atteignent 7,4 milliards d’euros, soit seulement -1,7 %. Elle doit son salut au champagne, qui valorise toujours très bien ses bouteilles à l’exportation (2,4 milliards d’euros pour 11,5 millions de caisses expédiées, soit 7,8 % de chiffre d’affaires supplémentaires en 2014).
Pour les spiritueux, si les volumes exportés se maintiennent globalement (50 millions de caisses exportées, soit -1,6 % qu’en 2013), les valeurs subissent une perte de 5,3 %, à 3,3 milliards d’euros. C’est encore une conséquence de la politique anticorruption en cours en Chine. Et pour la première fois, la vodka devance le cognac dans les volumes exportés.
« L’année 2014 a été compliquée, admet Christophe Navarre. Nous nous attendons plus ou moins aux mêmes tendances en 2015. La faiblesse de l’euro par rapport au dollar, à la livre sterling et au yen devrait stimuler les exportations, mais les faibles volumes risquent de nous faire perdre des marchés. Il nous faut une politique de production ambitieuse pour faire face à la concurrence. »
Des droits de douane qui pénalisent les vins français
« Nos concurrents ont conclu des accords leur permettant de supporter moins de taxes à l’entrée sur le territoire de certains pays », observe Nicolas Ozanam, délégué général de la FEVS. Ainsi, dès 2015, les vins chiliens ne sont plus taxés en Chine alors que les vins tranquilles français doivent supporter des droits de douane de l’ordre de 14 %. Pire, en Thaïlande, les vins chiliens et australiens bénéficient d’accords qui les exonèrent dès cette année alors que les vins français sont taxés à hauteur de 54 %, 60 % pour les spiritueux. Il appartient à l’Union européenne de négocier de tels accords et la filière souhaite ardemment accélérer les choses dans ce domaine pour faire tomber certaines barrières douanières qui pénalisent la compétitivité des vins français à l’exportation.