Dans une lettre ouverte datée du 1er septembre 2010, adressée à la présidente du HCB (Haut-Conseil des biotechnologies), Catherine Bréchignac , les « organisations paysannes et environnementales » déplorent les déclarations faites le 23 août par cette instance à propos de l'arrachage des vignes expérimentales OGM détruites à Colmar.
« Il n'est pas dans les missions du HCB, ni de sa présidence, de se prononcer sur des conflits sociaux ou des actes politiques, ni de se faire le relais de la communication gouvernementale », ont martelés la Fnab (agriculteurs bio), les Amis de la Terre, la Confédération paysanne, le FNE, l'Unaf (apiculteurs) et l'ONG Greenpeace, dont les représentants siègent au comité éthique, économique et social (CEES) du HCB.
Le communiqué du HCB avait regretté la destruction de cette expérimentation publique, « actuellement la seule qui permettait l’acquisition de connaissances fondamentales » concernant la maladie du court-noué. « L’interruption de cet essai retarde pour plusieurs années l’obtention de réponses à ces questions importantes relatives à l’analyse scientifique de risque », indiquait ce communiqué du HCB.
« Une telle prise de position est contradictoire avec l’indépendance indispensable à la crédibilité du Haut-Conseil », ont estimé ces organisations par tradition opposées à la culture de tout OGM en plein champ, et très regardantes sur la tenue d'expériences impliquant des plantes transgéniques en milieu confiné.
« Ce communiqué totalement inopportun nous choque d’autant plus que nous n’avons été ni consultés, ni même informés de la volonté de communiquer sur le sujet de la neutralisation des essais de vigne OGM. Nous l’avons appris par la presse, alors même que le HCB ne s’est jamais positionné sur cette question », précisent ces organisations.
Pour elles, « ce communiqué est également symptomatique de problèmes de fonctionnement » du Haut-Conseil.
Les deux collèges du HCB – le comité scientifique (CS) et le comité économique, éthique et social (CEES) – se sont tous deux prononcés positivement en mars pour la poursuite de ces essais.
Le représentant de la Fnab n'avait pas souhaité se prononcer dans l'avis du CEES, quant aux représentants des autres organisations corédactrices de cette lettre, elles avaient émis un avis divergent de celui officiel du comité éthique.
« Il n'est pas admissible que la présidente publie un communiqué au nom du HCB sans tenir compte des objections d’un membre du bureau, ni même prendre la peine d’y répondre.
« Il n'y a jamais eu de vote sur ce dossier relatif à la vigne et il est mensonger de laisser penser que l'ensemble du CEES était favorable et que seuls quatre membres auraient été défavorables alors que près de la moitié de ses membres étaient absents lors de la séance où ce dossier a été étudié », renchérissent la Fnab, FNE, Greenpeace et la Confédération paysanne.
Le même « dérapage » s’était déjà manifesté lors de la communication sur le maïs Bt 11, précisent les organisations.
« Le décalage entre vos éventuelles positions personnelles et votre mission de présidente d'un organisme qui n'a pas à avoir de position a priori, mais uniquement après évaluation, pose un problème de légitimité pour le HCB », soulignent-elles à l'attention de Catherine Bréchignac.
Selon les quatre organisations, le communiqué du HCB « renforce le sentiment (de son) manque d’indépendance et nous pose de sérieuses questions quant à l’éclairage biaisé qu’il est susceptible de faire porter sur l’ensemble (de ses) membres. Nos organisations ne pourront tolérer plus longtemps les tentatives visant à faire passer l’idée qu’elles participent à un comité dont les missions sont de faire accepter les OGM dans l’agriculture ou de condamner les activités de la société civile », martèle le communiqué de la Fnab, de FNE, de Greenpeace et de la Confédération paysanne.
De son côté, Denis Verdier, président des vignerons coopérateurs français, s'est dit favorable jeudi à la reprise des essais de vigne OGM à l'Inra de Colmar. Il a déploré la destruction de cet essai « sous le contrôle » de l'Etat par le biais d'un organisme public, avec le risque de laisser la place libre à des intérêts privés.
La mise au point de méthodes alternatives pour lutter contre le court-noué a besoin de la recherche, a indiqué le président Verdier. Pour autant, il a manifesté son opposition à la commercialisation de ces pieds.
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