Le 4 février 2015, lors de la première journée de l'assemblée générale de la Fédération nationale bovine (FNB) à Rodez (Aveyron), Michel Dantin, député européen, n'a pas renvoyé l'écho escompté par le syndicat au sujet de l'étiquetage des viandes. Bien que les projets de textes soient plutôt fédérateurs dans l'Hexagone, Michel Dantin affirme que, sur ce projet, la France est isolée. « Les parlementaires français sont souvent minoritaires sur ces questions au sein du Parlement européen, assure-t-il. Les Allemands, les Espagnols et les Italiens s'opposent. »
De l'autre côté de nos frontières, le consommateur serait moins regardant, et la filière nettement moins à cheval sur l'idée. « Vouloir un étiquetage est en soi une bonne chose, lâche Michel Dantin. Le faire appliquer est une autre paire de manches. Dans tous les pays européens, les fonctions publiques sont au mieux stabilisées, au pire réduites. Nous pouvons toujours inventer des textes, si nous n'avons pas la capacité de les faire appliquer, ça ne sert à rien. Je ne vois pas ce que ça apportera de plus, si ce n'est un plus administratif que vous devrez ensemble assumer. »
Exporter pour faire remonter les cours
Puis Michel Dantin s'est voulu plus rassurant sur le dossier des relations internationales, et notamment sur les négociations en cours avec les États-Unis. « La FNB manifeste des craintes que je comprends, sur le risque de voir arriver de la viande produite selon un mode opératoire qui n'est pas le nôtre et dont nous ne voulons pas, soutient-il. Sur le sujet, les négociateurs ont peu avancé. La discussion va s'engager, mais je pense que ce texte n'aboutira pas avant plusieurs mois. »
Pourquoi ? Pour des raisons politiques, selon l'eurodéputé. Le président des États-Unis, Barack Obama, voit son second mandat s'achever, et il y a fort à parier qu'à quelques mois des élections, les républicains ne lui feront pas de cadeaux. Il reste à savoir quelles seront les orientations de ces élections. « Il faudra lever cette interrogation avant de voir la direction que peut prendre le texte », prévient Michel Dantin.
Du côté des prix, Michel Dantin assure que le Parlement européen a attiré l'attention de la Commission européenne sur les prix de la viande à la production. « Il est clair que le blocus russe a modifié les flux, et que nous devons nous mobiliser, lance-t-il. Mais tous les opérateurs français et européens ne sont pas tout à fait sur la même ligne dans la course aux nouveaux marchés à l'exportation. Pourtant, c'est dans cette voie que nous devons avancer ensemble. C'est à mes yeux la condition nécessaire à la remontée des cours en France comme en Europe. »
Interrogations sur la Commission Juncker
Avant d'aborder la problématique de la nouvelle Pac, Michel Dantin a rappelé que la Commission européenne vient de changer et, avec elle, le commissaire à l'Agriculture. Le député admet, avec une note de nostalgie à l'égard de la Commission précédente, que la Commission de Jean-Claude Juncker l'inquiète. « Son premier vice-président, un socialiste néerlandais, a déclaré il y a quelques jours que les politiques agricoles étaient des politiques du passé », s'insurge Michel Dantin.
L'équilibre du nouveau Parlement a aussi changé : l'élection de certains partis hostiles à l'Union européenne fragilise les compromis, et rend difficile l'obtention d'une majorité. « La Commission de Junker souhaite mener une politique active de simplification, annonce Michel Dantin. Le risque, c'est de mettre tout le monde dans un même moule et de laisser beaucoup de gens au bord du chemin. L'élevage spécialisé perdrait beaucoup d'une simplification bête et méchante qui ne retiendrait que les grands modes d'élevage qui [ailleurs en Europe, N.D.L.R.] sont d'abord la production laitière et ensuite la production de viande à partir de vaches laitières. »