Assez de blabla sur l'installation, des actes! Tel est le credo du président de Terre de liens, Sjoerd Waterna, agriculteur retraité de la Drôme. «Terre de liens facilite la rencontre entre des candidats à l'installation en manque de foncier, des consommateurs à la recherche de produits locaux, les collectivités locales qui veulent maintenir une agriculture de cohésion sur leur territoire.»
Terre de liens a créé en 2008 sa foncière, appuyée sur la Nef, société coopérative de financements solidaire. Les actionnaires achètent des parts de 100 euros et bénéficient de l'avantage fiscal lié, s'ils conservent leurs actions au minimum cinq ans (25% de déductions sur leurs revenus ou 75% de déduction sur l'ISF).
En septembre 2008, La Foncière comptait 197 actionnaires et quatorze installations quand elle a reçu sa première autorisation pour un appel public à l'épargne. Avec l'appui du réseau des magasins Biocoop, elle a collecté 7,5 millions d'euros, soit 1,5 million de plus que prévu auprès de 3.500 actionnaires (2.000 euros en moyenne). Forte de ce succès, elle a lancé un autre appel à l'épargne de 6 millions d'euros en octobre 2009.
L'association a également lancé en cette fin d'année un fonds reconnu d'intérêt général pour recueillir les dons d'argent ou d'exploitation: dix-sept fermes lui ont déjà été proposées par des héritiers, par des parents qui ont déjà désintéressé leurs enfants ou encore des agriculteurs sans héritiers. Ce fonds est une étape avant la création d'une fondation (en cours de reconnaissance d'utilité publique) pour la préservation de ce patrimoine naturel.
Signe des temps: malgré des débuts houleux avec certaines Safer, la Fédération nationale des Safer a invité Terre de liens dans un groupe de travail. L'association, présente dans seize régions, bénéficie de l'appui des conseillers régionaux, qui financent ses animateurs.
Les locataires signent des baux environnementaux. Le bio n'est pas obligatoire, même si 100% des projets le sont pour l'instant. La Foncière, qui conserve 25% de la collecte en cas de rachat d'actions, dispose de 1.000 hectares et a installé 51 agriculteurs. «C'est peu, mais cela ouvre les portes», conclut son président.
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Un tiers de l'apport total Sébastien Beaury a recherché pendant deux ans une exploitation, accompagné par l'Adasea et l'Adear (Association pour le développement de l'emploi agricole et rural) de l'Indre-et-Loire. Son projet d'élevage caprin fromager bio prend forme à Sepmes, au cœur de l'AOC Sainte-Maure de Touraine: 22 ha et des bâtiments au prix de 250.000 euros. Il a réuni les 90.000 euros qui lui manquaient grâce à La Foncière-Terre de liens. Une campagne locale est lancée en avril par un groupe de travail dans le réseau de l'Adear et des associations pour le maintien d'une agriculture paysanne. «En trois semaines, j'avais recueilli 60.000 euros de promesses d'épargne, soit les deux tiers du coût des terres. La Foncière a alors accepté mon projet.» Au final, l'épargne solidaire s'élèvera à 94.000 euros. Le reste du financement est assuré par la Nef et le Crédit coopératif, les banques classiques n'ayant pas suivi. J.T. |
