Pour l’instant, le bilan du passage de Xynthia, en Gironde, n’est pas totalement terminé. D’ores et déjà, la chambre d’agriculture a recensé 1.500 hectares de terres cultivées inondées, dont un tiers déjà semé en blé, 4.555 hectares de prairies inondées et une cinquantaine d’hectares de vignes. Les exploitants agricoles de ces zones ont en outre perdu au moins 22 tonnes d’aliments et 1.200 tonnes de fourrage.
Traditionnellement, en Gironde, les zones qui ne sont pas destinées à la viticulture sont des zones de palus ou plus basses que le niveau de la mer. De ce fait, l’eau salée a stagné plusieurs jours. « Nous attendons le résultat des analyses de quinze prélèvements de sol », indique Philippe Bourdens, responsable du service de l'environnement de la chambre d’agriculture. Des préconisations pourront alors être faites concernant les quantités de gypse à apporter pour contrebalancer les effets du sel.
Les dépôts de limon ne sont pas à sous-estimer non plus. Par ailleurs, des déchets dont le nettoyage sera difficile se sont répandus : sarments de vigne et troncs dans une exploitation viticole, ordures ménagères, médicaments et plastiques sur un pâturage d’une centaine d’hectares.
Les pertes d’animaux ont été concentrées chez deux éleveurs, à Saint-Yzans, dans le Médoc. Jean-François et Brigitte Rustique ont perdu la quasi-totalité des volailles – principalement poulets mais aussi canards et pintades - qu’ils élèvent en liberté sur 10 hectares. Ils en ont envoyé 4,2 tonnes à l’équarrissage. L’exploitation a pour seule activité l’élevage, d’où des répercussions lourdes.
« L’équivalent de 4 à 6 mois de travail a disparu », commente Brigitte Rustique. Si les cabanes n’ont pas été endommagées, elles ont été déplacées par la vague et devront faire l’objet d’un grand nettoyage.
Leur voisin, Cédric Perez, installé depuis 2006 comme éleveur, producteur d’agneau de Pauillac mais continuant à avoir une activité de salarié viticole, a vu sa bergerie totalement inondée. En raison des courants trop forts, il n’a pas pu intervenir tout de suite et a dû attendre quelques heures avant de déplacer ses 300 brebis. Sur le coup, trois agneaux étaient noyés. Mais le contrecoup du stress a entraîné plus tardivement deux avortements et la mort de six brebis et de huit agneaux. Il a aussi perdu 50 tonnes de foin et 15 tonnes de céréales.
Les brebis ont été réparties dans deux autres sites, en attendant que la bergerie soit nettoyée, que des radiateurs et des pierres à lécher soient rachetés.
Minimiser les risques pour protéger le littoral
Alors que 29 communes girondines font l’objet d’un arrêté portant reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, il reste la question de la protection des zones submergées. Les digues n’ont visiblement pas joué leur rôle. Le préfet, Dominique Schmitt, a engagé dès le 2 mars 2010 un état des lieux afin de pouvoir faire inscrire la Gironde dans le « plan digues » annoncé par le président de la République. Le problème tient notamment au fait que les digues ont des statuts très différents. Sur les 409 kilomètres de digues girondines, 37 % sont gérés par des syndicats mixtes, 12 % par des collectivités territoriales, 31 % par des associations syndicales et 20 % par des propriétaires privés. |