La lutte contre l'érosion des sols par l'eau de pluie ne date pas d'hier dans le Nord-Pas-de-Calais, puisque les premiers dispositifs spécifiques ont été mis en place dans le bassin de la Canche, il y a une douzaine d'années.
« L'expérience montre qu'il n'était pas forcément nécessaire de créer des aménagements imposants, très coûteux, et que la création de petits dispositifs peut être tout aussi efficace », souligne François Derancourt, de la chambre d'agriculture du Nord-Pas-de-Calais.
A ce jour, quelque deux mille ouvrages, qui vont de la fascine à la bande enherbée, ont été installés.
Depuis que la chambre d'agriculture propose de réaliser des diagnostics dans les bassins versants, c'est-à-dire depuis 2002, les études ont porté sur 220.000 hectares de terrains agricoles, dont 65.000 pour la seule année 2009.
« Mais ce n'est pas encore suffisant ! » estiment les agriculteurs, les élus locaux, départementaux et régionaux, les responsables de l'agence de l'eau Artois-Picardie... qui ont décidé de se mobiliser davantage encore pour créer une nouvelle dynamique, chacun s'engageant en parallèle à apporter une contribution financière au dossier.
« En plus de l'étude des bassins versants, nous aidons à la création de dispositifs spécifiques, comme les fascines à partir de fagots de bois, les diguettes, les haies ou les bandes enherbées. Ils sont destinés à retenir l'eau, qui, après de fortes pluies, creuserait des ravines », précise José Thellier, de la chambre d'agriculture.
« Nous organisons aussi des réunions avec les agriculteurs pour discuter avec eux des mesures agronomiques qui contribuent à limiter les risques d'érosion : la couverture du sol, le non-labour, le semis sous couvert, l'alternance des cultures sur un même versant, voire la mise en place d'assolements concertés », poursuit-il.
C'est ce qu'a commencé la commune d'Echin, dans le Nord. Elle pourrait faire des émules. Pour assurer un suivi efficace des ouvrages, une base de données Ruissol vient également de voir le jour à l'échelle régionale.
« La mobilisation dans les deux départements est d'autant plus importante que l'intensité des pluies se renforce, constate Aurélie Danion, de la chambre d'agriculture. Elle est en hausse de 20 % depuis trois ou quatre ans. »
La Belgique lutte également La lutte contre l'érosion ne s'arrête pas à la frontière. En Belgique, le gouvernement flamand a pris la question des risques de coulées de boue à bras le corps et encourage les agriculteurs à mettre en place des pratiques culturales destinées à limiter l'érosion. Une carte des risques a été établie. Dans les parcelles reconnues comme sensibles, des mesures agrienvironnementales (MAE) sont proposées aux agriculteurs avec une aide financière qui va de 80 €/ha/an pour le non-labour à 200 €/ha/an pour le semis direct, et même 1.300 €/ha pour la mise en place d'une bande enherbée. |