Le Secours populaire rappelle que la misère n’est pas moins terrible à la campagne qu'à la ville. Elle est juste un peu plus cachée car les personnes fragilisées hésitent à faire appel aux services sociaux.
Les chiffres du Secours populaire sont rudes: «Au cours des dernières années, trois ménages sur quatre arrivés dans les campagnes (néoruraux) avaient des revenus inférieurs à la limite ouvrant droit à un logement HLM.»
Le congrès du Secours populaire, qui se tenait cette année à Brives, avait pour ambition de faire reculer l’isolement et la pauvreté en milieu rural. Pour ceux qui y vivent comme pour ceux qui arrivent, la campagne n’est pas toujours synonyme de vertes prairies.
Les bénévoles du Secours populaire soulignent les handicaps propres au milieu rural: en tête vient l’isolement suivi du souci du logement (770.000 personnes seraient mal logées en milieu rural selon l’Insee). Les locations sont peu nombreuses. La part des logements HLM tombe à 7% contre 20% en ville (Source: Convergence, revue du Secours populaire - octobre 2007). Enfin, les logements anciens sont peu restaurés.
«Certains fuient la ville car la vie est réputée moins chère à la campagne», souligne Julien Lauprêtre, président du Secours populaire. Ils se retrouvent en pleine campagne, sans lien social dans un milieu où la solidarité passe beaucoup par la famille, la profession, l’appartenance au village. Comment accéder aux activités culturelles ou sportives avec des moyens de transport limités? Comment accéder à l’emploi car si l’espace rural compte 5,7 millions d’actifs, il ne recèle que de 3,4 millions d’emplois?
Les néoruraux représentent 35% des ménages pauvres en France alors qu’ils forment 20% de la totalité des ménages.
Mais les ruraux de toujours eux aussi sont touchés: on compterait 26% de ménages pauvres chez les agriculteurs et les salariés agricoles contre 14% dans l’ensemble de la population.
«En pleine campagne, la pauvreté est émiettée et cachée. Le maire, les services sociaux font de leur mieux. Encore faut-il un premier contact pour proposer cette aide. Les intéressés se taisent et se terrent. Beaucoup ne font pas valoir leur droit pour que leurs difficultés ne se sachent pas», rappelle Julien Lauprêtre.
Le Secours populaire intervient via ses bénévoles et va travailler avec les organismes déjà actifs (MSA...): «Nous allons proposé la rédaction de cahiers "Le dire pour agir" à l’usage des ruraux. Pour approfondir la connaissance de ce sujet et que chacun puisse agir en connaissance de cause», propose Julien Lauprêtre.
Téléchargez le Rapport du Secours populaire français, «Solidarités dans les zones rurales», en France et dans le monde (1.82 Mo).