Une réduction des obstacles aux échanges et des politiques agricoles avec des objectifs à long terme sont essentiels à la sécurité alimentaire sur les marchés émergents, met en avant l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) dans son rapport «Politiques agricoles des économies émergentes: suivi et évaluation 2009», publié mardi.
L’institution analyse les mesures prises par les gouvernements de l’Afrique-du-Sud, du Brésil, du Chili, de la Chine, de l’Inde, de la Russie et de l’Ukraine pour assurer l’approvisionnement en produits alimentaires dans les conditions de hausse et d’instabilité des prix qui prévalent depuis quelques années.
«Les mesures les plus courantes ont consisté à réduire ou à suspendre les droits d’importation sur les produits alimentaires, ou à imposer des obstacles à l’exportation, par exemple sous forme de taxes», observe l'OCDE.
Elle estime que ces solutions à court terme «font du tort aux agriculteurs nationaux et limitent l’incitation à produire. En outre, elles nuisent aux partenaires commerciaux qui dépendent des importations».
«Le renforcement du protectionnisme et l’adoption de politiques d’autosuffisance risquent d’accentuer l’instabilité des prix des produits agricoles sur les marchés mondiaux et de réduire les échanges», ajoute-t-elle.
Le rapport montre que le soutien public aux agriculteurs dans les économies émergentes représentait entre 4% des recettes agricoles totales au Chili et 14% en Russie en 2005-2007, contre une moyenne de 26% des pays de l’OCDE sur la même période.
«Cependant, dans chacune de ces économies, certains produits de base donnent lieu à un soutien plus important que d’autres, le sucre étant un exemple flagrant dans de nombreux cas. Les agriculteurs sont par conséquent fortement incités à choisir de produire ces produits», selon l'institution.
Elle craint que la récession économique mondiale incite «les gouvernements à concentrer leur action sur des mesures à court terme, à l’encontre des objectifs à long terme. La crise financière risque de réduire les possibilités de prêts aux agriculteurs et aux autres opérateurs du secteur agricole qui dépendent du crédit. En outre, l’investissement direct étranger, essentiel pour le développement rural, va sans doute diminuer également».
Pour renforcer le secteur agricole à long terme, le rapport préconise «de réduire le soutien public accordé à certains produits de base et aux mesures créatrices de distorsions du marché, qui bénéficient actuellement d’un montant disproportionné de subventions, pour le réorienter vers la fourniture de biens publics tels que la recherche, les infrastructures, la formation et la commercialisation».
L'OCDE se félicite d'ailleurs «du niveau croissant de soutien public alloué aux biens publics dans les sept pays étudiés», mais soulignent la nécessité d’accroître ces efforts «pour mieux faire correspondre l’offre et la demande, développer les cultures à rendement élevé, améliorer la compétitivité à long terme de l’agriculture et assurer des niveaux de revenus plus élevés et durables aux agriculteurs».