Les plus gros potentiels de production agricole se trouvent dans les pays en voie de développement, qui ont besoin d'investissements dans leur agriculture. Cette phrase résume les débats de la troisième et dernière conférence du cycle «Parlons d'agriculture », organisée par Michel Barnier sur le thème «Qui va nourrir le monde?», jeudi, au Parlement européen à Bruxelles.
Pour produire deux fois plus afin de nourrir 9 milliards d'individus en 2050, Michel Barnier croit à une «organisation régionalisée de l'agriculture pour des échanges et pour mutualiser les moyens», qui se différencie d'un protectionnisme frileux et du libéralisme.
La communauté internationale ne se substituera pas aux gouvernances nationales. «Il faut responsabiliser les gouvernements des Etats partenaires pour miser sur leur agriculture et le développement rural» a affirmé Louis Michel, commissaire européen au Développement.
«L'accès aux terres, les infrastructures, la gestion de l'eau» dépendent des législations et des politiques nationales, a-t-il souligné. Il a aussi estimé peu de pays se sont, jusqu'ici, montrés volontaristes pour soutenir l'agriculture et le développement rural.
Ousseni Salifou, commissaire agricole de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest), a expliqué les problèmes rencontrés par ces pays, notamment dans le domaine des échanges commerciaux, même si les pays sont d'accord pour une intégration régionale. Ils sont notamment confrontés à «huit monnaies différentes, des taux différenciés de protection, des contrôles et des taxes informelles, un manque d'infrastructures».
Si, selon lui, les pays d'Afrique de l'Ouest ont la volonté de développer leur agriculture, ils attendent l'aide internationale rapidement «pour retenir les bras valides dans les villages».
«L'agriculture des pays en développement a besoin d'incitations pour produire et vendre, sinon elle reste dans une attitude minimaliste et ne fait que de l'autosubsistance», a renchéri Ndiogou Fall, président du Roppa (Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l'Afrique de l'Ouest).
A propos de l'aide au développement, l'Europe est le premier contributeur mondial (avec 60% de l'aide) et fournira à elle seule 90% de l'augmentation promise. Louis Michel a profité de ce rappel des chiffres pour lancer un appel de fonds d'autres pays.
La commissaire européenne à l'Agriculture, Mariann Fisher Boel, a réaffirmé son intention d'utiliser «l'excédent financier de la Pac de cette année pour aider les PVD à acheter engrais et semences et éviter l'exode rural».
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