L'an dernier, le Comité national des appellations d'origine laitières (Cnaol) se réjouissait d'avoir obtenu, au sein du paquet lait, la possibilité de réguler l'offre en fromages sous AOP/IGP (1). Bruxelles avait finalement autorisé une entorse au droit européen de la libre concurrence. Un moyen pour les appellations de ne pas perturber le fragile équilibre de leur marché après la fin des quotas.
Un an plus tard, « l'avancée reste limitée », a déploré Dominique Chambon, le président du Cnaol lors de l'assemblée générale, le 27 septembre 2013 à Evian (Haute-Savoie). Seul le Comté a pour l'instant mis en place un plan de régulation. Beaufort, Morbier et Reblochon devraient lui emboîter le pas.
Mais outre les questions d'interprétation des textes, la mise en place se heurte à la règle d'approbation des deux tiers dans ces filières : toute décision doit être validée par deux tiers des producteurs produisant au moins deux tiers des volumes de lait, et par deux tiers des transformateurs représentant deux tiers des volumes de fromages.
Surtout, un problème de taille demeure : comment réguler les volumes de lait produits chez un producteur sous AOP, mais dont seule une partie est valorisée sous cette appellation ? L'idée était de créer des Associations d'organisations de producteurs (AssOP) regroupant tous les producteurs sous un même signe de qualité. Ces AssOP, sans avoir le droit de s'accorder sur un prix ou un volume, pourraient néanmoins fournir des éléments de connaissance du marché.
« Mais les statistiques sont impossibles à obtenir », regrette Dominique Chambon. Autre piste, introduire dans les cahiers des charges une taille d'atelier maximale, tout en laissant la possibilité aux producteurs d'exploiter plusieurs ateliers. « C'est la diversité des exploitations qui est à l'origine du goût typique de nos fromages », défend-il. Mais au nom du respect de la libre concurrence, Bruxelles s'y oppose.
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(1) Appellation d'origine protégée/Indication géographique protégée.