Le ministre de l'Agriculture, Michel Barnier, va demander à la Direction générale de la concurrence et de la consommation (DGCCRF) une «enquête sur la répartition des marges» dans la filière de commercialisation des salades, a-t-il annoncé, samedi, au Salon de l'agriculture.
«Il n'y pas assez de transparence. Les producteurs sont actuellement payés 15 centimes d'euro pour une salade vendue au consommateur 1 euro, alors qu'ils devraient recevoir 50 centimes d'euro pour leur travail», a déclaré Michel Barnier à l'issue d'un entretien avec une délégation de producteurs provençaux de salades.
Pour le ministre, «ce n'est pas un problème de surproduction, c'est un problème de répartition des marges». «Il y a une répartion inéquitable de la valeur ajoutée», a-t-il ajouté.
«La marge prise par les expéditeurs et les coopératives, ce que nous appelons dans notre profession la première mise sur le marché, est beaucoup trop forte», a déclaré Angélique Delahaye, présidente de la Fédération nationale des producteurs de légumes (FNPL), qui conduisait la délégation provençale.
Les enseignes de la grande distribution, déjà mises en cause pour les fortes hausses d'autres produits alimentaires, ne veulent pas être «les boucs émissaires des difficultés conjoncturelles», a affirmé vendredi la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD).
«Le marché de la salade est difficile depuis quelques semaines», a-t-elle souligné, «la douceur des conditions climatiques» ayant entraîné une baisse des prix pour les producteurs.
Les producteurs ont distribué gratuitement samedi midi, devant le stand de la FNSEA au Sia, le contenu de trois palettes de salades à la grande satisfaction des visiteurs du salon.
«La salade est chère maintenant: je la paye 1 euro, alors qu'avant l'introduction de l'euro, je la payais 1 franc», déplore Marie-Christine, une habitante de Bouchain (Nord), avant d'enfourner sa laitue dans son sac en plastique.
En France, un milliard de têtes de salades sont produites chaque année, dont 400 millions l'hiver en Provence, la seule région à en produire à cette époque de l'année en plein air avec le Roussillon, selon la FNPL.
Les producteurs provençaux bloquaient la semaine dernière les accès au Marché d'intérêt national (MIN) de Châteaurenard (Bouches-du-Rhône).