Des milliers d'agriculteurs (10.000 selon la FNSEA) ont protesté vendredi dans toute la France pour la défense de leur revenu.
«La mobilisation a bien marché. On est aux alentours de 10.000 agriculteurs mobilisés pour cette journée et tous les départements métropolitains, sauf un, ont mené des actions», s'est félicité un porte-parole du syndicat.
Près de 45 opérations de sensibilisation dans les supermarchés ont été mises en place. «Grâce à cela, on a pu engager un véritable dialogue avec les consommateurs, et c'est ce qui était le plus important pour nous aujourd'hui», a expliqué la FNSEA.
Les agriculteurs ont aussi pu effectuer «une quarantaine d'opérations» devant les préfectures, au terme desquelles des lettres de doléances ont été remises aux préfets.
«Une quinzaine de parlementaires ont également été réveillés directement chez eux» par les militants, a déclaré la FNSEA.
Par ailleurs, le syndicat a tenu à souligner qu'aucun incident n'était à déplorer. «Cela fait 20 ans que, quand les agriculteurs manifestent comme cela en masse, il y a de la casse. Et là aujourd'hui, il n'y en a pas, et on est très fier de cela, car on avait bien insisté sur le fait qu'on appelait à une manifestation responsable», a affirmé le porte-parole.
De plus, et «c'est un symbole, pour la première fois, La Réunion a, elle aussi, mené une opération de mobilisation», a-t-il ajouté.
Le coup d'envoi des actions avait été donné jeudi soir dans l'Ouest où plusieurs centaines de manifestants ont défilé au Mans avec leurs tracteurs, recouverts de banderoles proclamant «Travailler 365 jours par an mérite un salaire décent».
En Vendée, plusieurs dizaines d'exploitants agricoles sont passés à l'action en bloquant jeudi et vendredi sept sites du département (trois grandes surfaces, deux laiteries et deux abattoirs).
Dans la Mayenne, plusieurs dizaines d'agriculteurs ont installé une miniferme (volaille, vaches laitières, porcs et lapins) devant la préfecture de Laval, distribuant des tracts pour informer les passants.
Plusieurs supermarchés ont également été bloqués au nord de Rennes et dans le Maine-et-Loire, où les agriculteurs avaient également prévu d'organiser un «pique-nique géant» au pied de la préfecture.
«Nous sommes très inquiets pour l'avenir de nos jeunes qui s'installent. Toutes les filières sont en crise», a expliqué Jean-Paul Texier, éleveur dans l'Ille-et-Vilaine.
En Bourgogne, la mobilisation a commencé dès 4 heures du matin par le blocage d'une laiterie dans l'Yonne. Elle s'est poursuivie à Mâcon, où une cinquantaine d'éleveurs ovins et bovins de la Saône-et-Loire se sont rassemblés devant la préfecture.
Plusieurs actions étaient également prévues devant les grandes surfaces de la région avec des distributions de tracts pour «informer les consommateurs sur la réalité des prix des produits» agricoles.
Près de Bordeaux, une soixantaine d'agriculteurs, réclamant «plus de prix rémunérateurs», ont été reçus par un représentant du préfet.
En Ile-de-France, plusieurs dizaines de militants ont manifesté devant le siège de l'UMP à Paris, réclamant notamment la démission du ministre de l'Agriculture.
Quelque 200 agriculteurs lorrains – une centaine, selon la police – ont bloqué partiellement avec des tracteurs le centre de Nancy pour «obtenir des explications» de leur ministre, Michel Barnier, sur la perte de leur pouvoir d'achat.
En Moselle, 350 agriculteurs – 280, selon la police – ont manifesté avec quelque 150 tracteurs devant des grandes surfaces dans les six sous-préfectures du département, Sarreguemines, Sarrebourg, Château-Salins, Saint-Avold, Boulay et Thionville, a indiqué Jean-Marc Brême, président de la FDSEA.
Dans un contexte de forte volatilité des prix et au moment où industriels et distributeurs négocient les prix de vente des produits agricoles, les exploitants souhaitent, au travers de cette vaste mobilisation, alerter gouvernement, entreprises agroalimentaires, grande distribution et consommateurs sur les difficultés «insoutenables» qu'ils rencontrent.
Le président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, a appelé à une meilleure régulation des marchés agricoles, réclamant, vendredi sur Europe 1, que cette question soit abordée lors de la réunion des dirigeants du G20 le 15 novembre à Washington.
Face à la mobilisation, le ministre de l'Agriculture, Michel Barnier, s'est engagé à la mise en place d'un «plan d'urgence pour l'agriculture» dès le 12 novembre, dans le cadre de la conférence sur les revenus des agriculteurs.
«Ce plan apportera des réponses concrètes et rapides aux difficultés actuelles par des allègements de charges financières et sociales et des mesures exceptionnelles pour les éleveurs ovins», a expliqué le ministre.
Le président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, a réagi aux annonces du ministre, réclamant des mesures «plus concrètes» pour répondre à «l'attente forte» des exploitants, qui réclament «clairement de la monnaie sonnante et trébuchante» pour les aider à traverser les difficultés qu'ils rencontrent.