L’annonce mercredi 20 décembre par le ministère de l’Agriculture de l’augmentation de 16% du revenu agricole par actif non salariés (exploitations professionnelles) constitue évidemment une bonne nouvelle. Mais les organisations agricoles ne manquent de faire remarquer qu’elle s’inscrit après plusieurs années de repli continu. Mais chacune annonce des chiffres différents.
L’APCA (assemblée permanente des chambres d’agriculture) « a pris connaissance avec intérêt des prévisions établies par l’Insee. Pour la première fois depuis sept ans, le revenu agricole se redresserait sensiblement sans que cela permette de retrouver le niveau atteint en 1998 ; le retard serait encore de 16% ».
« Il ne faudrait pas que l’année 2006 fasse oublier une réalité vécue depuis des années par le monde agricole caractérisée par des revenus aléatoires et un manque de lisibilité chronique », commente pour sa part la FNSEA et les JA.
Les deux syndicats majoritaires « rappellent leur attachement à trouver dans les prix de vente à la production l’essentiel des résultats des exploitations agricoles. Nous réaffirmons notre volonté de maintenir et de développer des outils efficaces de gestion de marché et parallèlement, nous restons particulièrement déterminés à réclamer la mise en place de mesures nécessaires pour contenir durablement les hausses de charges, notamment en termes de coûts de l’énergie et de main d’œuvre ».
« L’année 2006 se termine par une embellie qui ne compense pas la dégradation quasi continue subie de 1998 à 2005 » estimée par la Confédération paysanne à 28%.
Par ailleurs le syndicat signale que l’embellie de 2006 est « fortement sélective » (elle profite essentiellement aux grandes cultures, au maraîchage et à l’arboriculture) et elle « n’est agréable que pour ceux qui sont encore là pour la vivre ». « En 2006, la diminution de l’emploi paysan se poursuit à un rythme inacceptable (-2,6 %). Depuis 1978, 50% de l’emploi a disparu ».
« Bonnes pour les uns et mauvaises pour les autres, ces prévisions ne peuvent faire oublier la baisse réelle de plus de 20% du revenu agricole depuis 1998, qui entraîne tous les ans le départ d’un grand nombre de nos agriculteurs », a commenté la Coordination rurale (CR).
Les prévisions ministérielles apportent « la preuve que la Pac ne joue plus son rôle de régulation des productions et des revenus agricoles. De tels chiffres peuvent semer du désespoir chez ceux dont la situation réelle ne reflète pas cette embellie. Depuis toujours, la CR demande que l’on cesse ces publications fantaisistes sur l’agriculture ».