Alain Loustanau, directeur général de Socopa, a demandé jeudi, lors d'une table ronde de l'assemblée générale de Coop de France, que la hausse des coûts de production des éleveurs soient répercutés sur le consommateur. Les éleveurs subissent en effet de plein fouet la hausse des prix de l'aliment. Le prix du revient du porc a ainsi augmenté de 25% et celui de la viande de boeuf et de veau en moyenne de 23%, a expliqué Alain Loustanau. «A Socopa, nous sommes obligés d'acheter plus cher aux producteurs, sinon la filière serait en péril: les éleveurs arrêteraient la production et les abattoirs fermeraient», a-t-il alerté.
Or, quand l'industriel paie ses matières premières (les animaux) de 20% à 25% plus cher, et quand la viande représente 60% du prix de revient de ses produits transformés, «l'équation n'est pas compliquée», détaille le directeur de Socopa. «Il est évident que le consommateur doit payer quelque chose! Les gains de productivité de 2 à 3% de l'entreprise peuvent juste ''écraser'' la hausse des salaires; en aucun cas, ils ne peuvent couvrir 20% de hausse des matières premières», a-t-il poursuivi. Une marge de manoeuvre apparaît cependant avec l'écoconception des emballages.
Si la hausse n'est pas répercutée, «je ne voudrais pas que la variable d'ajustement soit la qualité, s'est inquiété Alain Loustanau. Une perte de qualité, avec une maturation des viandes raccourcie ou des poids de carcasse poussés, jouera en défaveur de nos industries et des distributeurs».
Selon Serge Papin, PDG de Système U, «l'industrie nous présente une hausse de 8 à 9%». Il suspecte donc chez certains fournisseurs une exagération des augmentations. «Une telle hausse est difficile à accepter pour un consommateur pris dans des ''dépenses contraintes'', à tel point qu'il veut faire des économies sur l'alimentation», a estimé un responsable de l'association CLCV (consommation, logement et cadre de vie).
Par ailleurs, Serge Papin a appelé à un «rapport industrie-commerce plus responsable et plus transparent» proposant la suppression des marges arrière pour ne plus parler que de marges avant. «Nous avons des intérêts convergents pour avoir des échanges constructifs et faire des économies», a-t-il déclaré aux responsables coopératifs.